Incertain optimisme sur le marché de l’art

Le tableau d’Henri Matisse assorti d’une estimation de 18/25 millions de dollars présenté par Sotheby’s hier soir à New York  a connu un meilleur sort que celui bradé 15 millions la veille par Christie’s quand 20/25 millions en étaient espérés. L’excellent résultat global de la vacation, 195,69 millions, nuancé par des invendus et des cessions sous  les estimations, est à l’image de l’incertitude et de la nervosité qui règnent sur le marché de l’art.  

Avec un chiffre d’affaires de 195,69 millions de dollars réalisé avec 51 lots vendus sur les 58 que comptait le catalogue, dont 20 partis au-dessus de leur estimation haute et quelque-uns abandonnés sous leur estimation basse, la vente d’art impressionniste et moderne orchestrée par Sotheby’s hier soir à New York affiche un résultat trois fois supérieur à celui de la vacation équivalente de l’année dernière, une vente de 38 lots globalement moins importants en valeur pour cause de déprime économique.

Volume des années 2007-2008 et chiffre d’affaires voisin de celui de 2006

En mai 2009 à New York, dans un environnement économique déprimé, le prix maximal de la vente équivalente de Sotheby’s concernait un excellent tableau de Piet Mondrian de 1934, payé 9,26 millions par l’acheteur pour une estimation 3/5 millions. Crise ou pas crise, les « très bonnes toiles » se vendent toujours très bien.

Le résultat de cette année restent toutefois nettement inférieurs aux 253,33 millions de dollars produits pour 53 lots présentés (et 12 invendus)  lors de la vente équivalente de 2008. Au cours de cette vacation, une œuvre de Fernand Léger avait été facturée 39,24 millions et une autre d’Edvard Munch 30,84 millions de dollars.

La vacation équivalente de 2007 avait généré 278,59 millions de dollars en 61 lots (3 invendus), dont 25,52 millions engagés sur une nature morte de Paul Cézanne.

Le chiffre d’affaires de la vente d’hier soir se rapproche de celui de 2006, un produit de 207,56 millions de dollars en grande partie assuré par une toile de Pablo Picasso, Dora Maar au chat, vendue pour la somme astronomique de 95,21 millions.

28,64 millions de dollars pour Henri Matisse et autres bonnes enchères

Après les 28,64 millions de dollars payés pour Bouquet de fleurs pour le 14-juillet d’Henri Matisse, le deuxième prix le plus important enregistré  hier soir va à Jeanne Hébuterne au collier d’Amedeo Modigliani : 13,80 millions avec les frais, en conformité avec l’estimation haute.

Un Penseur d’Auguste Rodin, taille de La Porte dit “moyen modèle”, d’une hauteur de 71,2 cm, conçu en 1880-1881, pour une fonte située entre novembre 1916 et mai 1917, a été payé 11,84 millions de dollars, pour une estimation de 4/6 millions. Du même artiste, un Roméo et Juliette en bronze (modèle créé en 1902 et fonte de 1912) est monté à 3,44 millions de dollars, pour une estimation de 450.000/650.000 dollars.

Un bronze féminin monumental d’Isamu Noguchi, création de 1926 et fonte unique de 1927, estimé 600.000/900.000 dollars, a été payé 4,22 millions.

Une Femme au grand chapeau, buste, peinte par Pablo Picasso en 1965, a été payée 9,32 millions de dollars, soit dans la fourchette de son estimation.

De Claude Monet, un Effet de printemps à Giverny, une huile sur toile peinte en 1890, a été payée 15,2 millions de dollars, un prix en conformité avec son estimation haute.

Petites et grosses ristournes

Jeune fille au chapeau fleuri, de Kees Van Dongen, une huile sur toile peinte en 1907-1909, a été facturée 4 millions de dollars avec les frais (12 %), soit sous son estimation de 4,5/6,5 millions de dollars sans les frais.

À 1,98 million, une Algérienne peinte à l’huile sur toile par Auguste Renoir a été payée quasiment 12 % sous son estimation basse.

L’estimation basse d’un dessin de Pablo Picasso a été décotée de quasiment 20 % ; l’œuvre a été échangée contre 302.500 dollars.

Une petite ristourne a été accordée à l’acheteur d’une sculpture animalière de Rembrandt Bugatti représentant un babouin : estimée 2/3 millions de dollars sans les frais (12 %), elle a été payée 2,09 millions avec ces frais.

Invendus de taille

Une toile de Pierre Bonnard  (4/6 millions de dollars), deux de Pablo Picasso (4/6 millions et 3,5/4,5 millions ), une de Fantin-Latour (1/1,5 million), une d’Edvard Munch (1,6/2,2 millions) un bronze de Rembrandt Bugatti (1,5/2 millions), et une aquarelle de Paul Cézanne (1/1,5 million) n’ont pas trouvé preneur.

Des vendeurs pas complètement rassurés

A moins de posséder des œuvres très exceptionnelles, ces résultats contrastés ne sont pas en mesure de rassurer complètement les vendeurs potentiels.

Une pièce connue pour avoir été ravalée en vente publique aura beaucoup de mal à se vendre, même à moyen terme, que ce soit sur le marché publique ou le marché  privé.

Accessoirement, lorsqu’une œuvre d’art de prix est expédiée d’Europe pour être vendue à New York et qu’elle ne trouve pas preneur, l’aller-et-retour coûtera juste une petite fortune à son propriétaire (et seulement la moitié si l’œuvre est vendue).

Pierrick Moritz

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