Dispersion de la succession Marcel Marceau à Drouot

C’est tout l’univers intime du mime Marceau, disparu en 2007 à l’âge de 84 ans, qui sera vendu aux enchères les 26 et 27 mai prochains à Drouot sous le marteau de Rodolphe Tessier. 700 objets, photos, livres, tableaux, meubles et objets d’art seront dispersés au cours de cette vente judiciaire.

De son vrai nom Marcel Mangel, né à Strasbourg en 1923, jeune juif résistant dont le père fut déporté à Auschwitz, l’artiste avait pris le nom de Marceau en souvenir d’une phrase de Victor Hugo évoquant les généraux des campagnes napoléoniennes d’Italie : Hoche sur l’Adige, Marceau sur le Rhin. Originaire du Bas- Rhin, il choisira donc de s’appeler Marcel Marceau. Et il deviendra l’un des artistes français les plus connus au monde, enchainant jusqu’à 300 représentations par an, de New York à Bombay en passant par Pékin ou Moscou. Quand il rentrait de ses tournées, il se ressourçait dans sa maison de Berchères-sur-Vesgres en Eure et Loire, qu’il avait acquise dans les années 60. Là, l’artiste pouvait passer des heures à mettre en scène des œuvres d’art, mêlées à des objets ramenés de ses voyages.

Marcel Marceau, collectionneur

Marcel Marceau collectionnait principalement les meubles haute-époque, les tableaux anciens et modernes, les masques nô et les poupées japonaises, les manuscrits et ouvrages consacrés au théâtre, à l’art du mime, au spectacle, les objets d’art populaire et de judaïca, les verres irisés romains ou les pièces en ivoire. Plus précisément et entre autres, on remarque dans cette dispersion un automate à musique de la maison Rambour représentant un magicien turc et daté de 1898 (7.000 €/9.000 €), des manuscrits et ouvrages dédicacés par Serge Gainsbourg (2.000 €/3.000 €) ou Pablo Neruda (700 €/1.000 €), un sabre japonais « akizahi » de l’époque Edo.

Marcel Marceau, peintre et dessinateur

Marcel Marceau a étudié le dessin aux arts décoratifs de Limoges où il se réfugie en 1942. Après avoir préféré l’encre, il découvrira la couleur sous l’influence de Rouault dont il apprécie le mysticisme et de Chagall dont il adore l’inspiration de l’imagerie populaire et poétique. L’artiste est également inspiré par William Blake, proche de la théologie chrétienne et de la mythologie grecque, et de James Ensor. Il réalisera des pantomimes et peindra certains thèmes de la bible et des mythes très connus tels que Don Juan, Faust et Mephisto. Des nombreuses œuvres de Marcel Marceau sont incluses dans cette vente (estimations : 1.000 €/3.000 €).

Une impressionnante collection de photographies

Des centaines de photos tapissaient les murs de sa maison. Elles retraçaient toute une vie de rencontres, de voyages et de souvenirs partagés. En septembre 1955, le mime Marceau se rend pour la première fois aux États-Unis où il se produit à Broadway. Les critiques du New York Times et de l’ Herald Tribune furent dithyrambiques. Célébré comme le pair de Charlie Chaplin et Buster Keaton, il sera vénéré au Japon, pays des théâtres kabuki et nô, mais aussi en Amérique latine et en Russie.

Quelques années plus tard, Marcel Marceau rencontrera Michael Jackson qui s’inspirera de « la marche contre le vent » pour créer son pas de danse, le célèbre « moon walk » immortalisé dans la chanson  Thriller et mis en scène la première fois le 16 mai 1985. Il influencera aussi le danseur Rudolf Noureïev. Les photographes Falko Dreyer, Michel Petit, Peggy Leder, Henri Dauman, Nicolas de Halleux et Colette Masson immortaliseront des moments de vie du mime avec Gary Grant, Rudolf Noureïev, Anthony Queen, Yul Brynner, Ginger Rogers, Gary Cooper, Vittorio Gassman ou Maurice Chevalier. Marcel Marceau a également été reçu par des chefs d’état, il a été photographié avec Nerhu, Bill Clinton et François Mitterrand.

La seule photo qui manque à cette collection est celle avec Charlie Chaplin, rencontré par hasard à l’aéroport d’Orly en 1967. Marcel Marceau, par admiration et respect pour Chaplin, n’avait pas autorisé les reporters qui le suivaient à immortaliser la scène imprévue où ils se sont mis tous les deux à mimer Charlot.

Bip

Le personnage de Bip est créé par Marcel Marceau en 1947, en hommage à celui de Pip imaginé par Charles Dickens dans Les Grandes Espérances. Visage fardé de blanc et lèvres noires, haut de forme piqué d’une marguerite, pantalon blanc et pull marin rayé, Bip est son double, le petit frère de Pierrot, personnage poétique et mélancolique qui exprimait toutes les facettes de l’âme humaine. Dés le début, le mime Marceau introduit les pancartes sur scène, faisant revivre l’époque des funambules et des aboyeurs publics du XVIIIè siècle. Les costumes et les pancartes utilisés par l’artiste seront également vendus les 26 et 27 mai prochains.

Vente judiciaire

Marcel Marceau aurait souhaité voir sa propriété de Berchères-sur-Vesgres transformée en musée. L’État français n’a pas suivi cette dernière volontés de l’artiste qui s’était par ailleurs beaucoup endetté pour financer ses spectacles. Sa passion était si grande que tout ses revenus étaient consacrés à son art. Tous les objets, meubles et souvenirs ayant traversé la vie de l’artiste sont proposés dans le cadre d’une vente judiciaire.

Plus d’informations sur le site  http://www.neret-tessier.com/.

PM (avec communiqué )



Catégories :Musique, Paris

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3 réponses

  1. je cherche le nom de son frère

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  2. Je réside en Nouvelle Calédonie. J’ai en ma possession un dessin au fusin de Marcel Marceau « Le mythe de la Loreleï » d’après Heinrich Heine. Ce dessin remarquable a été offert à ma mère aujourd’hui décédée, lors du séjour du mime Marceau à Berlin alors qu’il dispensait des cours de mime à l’ « Ecole de mimes » sur le Kurfürstendam dont la Directrice était à l’époque Frau Buchholz. Je serai en Métropole fin juillet 2009. Je reste à votre disposition pour de plus amples informations. Marie-Françoise Delposen

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    • Bonjour,

      Je ne réalise pas d’estimations d’œuvres, ce blog n’a pas de vocation commerciale.
      Par contre, il sera intéressant pour vous de suivre les résultats de cette vente.
      Si vous voulez plus d’informations sur votre œuvre, le mieux est peut-être de contacter le commissaire-priseur qui réalise cette vente.
      Vous pouvez aussi contacter l’association qui veut créer un musée consacré à Marcel Marceau http://www.unmuseepourbip.com/

      Cordialement

      P. Moritz

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