Les films Incendies du Québécois Denis Villeneuve et The Artist du Français Michel Hazanavicius sont unanimement célébrés par le public, la critique et les jurys internationaux.
Incendies, sélectionné pour l’Oscar 2011 du “meilleur film en langue étrangère”, est placé dans la catégorie “meilleur film étranger” aux César 2012. The Artist est notamment nommé aux Oscar 2012 dans la section “meilleur film” (10 nominations aux Oscar, 10 aux César).
Dans des registres radicalement différents, ces deux créations sont des paris fous habités par la grâce.
Incendies est un film terrible et magnifique, dont le scénario est une adaptation de la pièce de théâtre de Wajdi Mouawad.
Au Québec, de nos jours, et à la suite du décès de leur mère, un frère et une sœur jumeaux se voient remettre d’énigmatiques enveloppes par le notaire de famille. Pour pouvoir accéder à l’apaisement éternel, la défunte leur demande de partir à la recherche d’un père inconnu et d’un frère dont ils ignoraient l’existence, dans un pays du Moyen-Orient. Il s’agit peut-être du Liban, pays d’origine de Wajdi Mouawad.
Au terme d’un éprouvant jeu de piste, principalement parcouru par la fille, ils découvriront ce dont ils ont réellement hérité, ce dont ils sont faits. Au moyen d’allers-retours entre deux histoires parallèles, le réalisateur éclaire de manière de plus en plus précise l’indentité d’une femme qui s’était murée dans l’ombre et le silence, une femme que ses enfants ne connaissaient pas.
Ce personnage fort est interprété avec intensité par Lubna Azabal.
Le pari fou était de s’attaquer à un diamant du renouveau du théâtre mondial, de réussir à évoquer l’abomination sans le voyeurisme que faciliterait l’image, sans l’obscénité, mêmes des mots. Il fallait maîtriser la construction vers une révélation si dérangeante que les spectateurs pourraient masquer leur malaise sous le rejet. À la fin d’Incendies, la tragédie a désarmé les spectateurs impliqués par Denis Villeneuve, et tout le monde est abasourdi, cloué. C’est un choc.
The Artist est un autre pari fou : un film muet, en noir et blanc et français sur l’univers du cinéma hollywoodien de la fin des années 1920.
D’après les derniers comptages d’Allo Ciné, près de 2 millions de personnes en France sont allées à la rencontre de cet “OVNI” qui a également engrangé quelque 27 millions de dollars de recettes aux États-Unis, un montant exceptionnel pour un film français.
À travers le parcours d’une star du cinéma muet qui vit une descente aux enfers et une histoire d’amour contrariée au moment du passage au parlant, The Artist est un hymne à la gloire de l’âge d’or du cinéma hollywoodien. Les références et les clins d’œil aux grands classiques des années 1920-1950 sont omniprésents, sous différentes formes.
Le film oscille entre comédie et drame. Vu ses paramètres “exotiques”, le ridicule l’aurait vraiment tué. Michel Hazanavicius n’a pas choisi la facilité pour cet élan du cœur, mais il a choisi Jean Dujardin.
Le charismatique Jean Dujardin est un comédien subtil, au jeu nuancé. Sa grande humanité qui transparaît au cinéma définit assez bien The artist.
Une des surprises du film est Bérénice Bejo (nommée dans la catégorie meilleure actrice aux César) dont les talents de comédienne sautent aux yeux.
James Cromwel et John Godman, les Américains, sont impeccables dans les rôles respectifs d’un très fidèle valet-chauffeur et d’un producteur opportuniste et soupe au lait.
Pierrick Moritz
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