Communication du 10 avril 2021 :
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Débarrasser un lieu d’objets et de meubles accumulés pendant des décennies peut être l’occasion de réaliser de belles découvertes, mais aussi de commettre de regrettables erreurs. Dans une situation où l’on va à la fois conserver, vendre, donner et jeter, l’empressement et le manque de méthode sont les pires ennemis.
Une manière de procéder risquée consiste à jeter au fur et à mesure ce que l’on ne désire pas conserver. L’inventaire doit être terminé avant d’éliminer quoi que ce soit.
L’utilisation d’une benne municipale ou les allers-retours à la décharge seront programmés en fin d’opération. Il s’agit de ne pas jeter des objets ou des documents jugés sans intérêt mais susceptibles d’augmenter la valeur globale des biens.
Le contenu d’une boîte ou d’un écrin vide peut être retrouvé plus tard. La présence de l’emballage d’origine, notamment dans le domaine des collections, peut valoriser très sensiblement un objet. Un emballage d’origine vide peut lui-même avoir une certaine valeur.
Des preuves potentielles
Les archives familiales seront triées à la fin du débarras, après celui des meubles et des objets. La méthode évite d’avoir à regretter la disparition de factures et de documents successoraux.
Ces preuves permettent d’économiser de l’argent sur les frais liés à une vente. Pour un bien vendu au moins €5.000 et acquis depuis plus de 22 ans, la taxe sur la plus-value n’est plus applicable.
Une facture d’origine facilite l’obtention d’un certificat d’authenticité et oriente de manière efficace les recherches de l’expert. Elle permet d’enrichir les notices de catalogues destinées à convaincre les acheteurs potentiels.
Les factures d’époque sont de précieuses sources d’informations quand on entend estimer la valeur de biens mobiliers ; certaines peuvent concerner la restauration d’un objet. Document de travail pour cet article ©ArtWithoutSkin.
Dans des cas d’héritage, des biens ont pu être légués à des personnes extérieures à la famille directement concernée. Certains ont migré d’un milieu aisé à un autre beaucoup moins riche.
En des temps où les préceptes religieux pesaient beaucoup plus qu’aujourd’hui sur la rédaction des testaments, des personnes socialement favorisées léguaient souvent quelques-uns de leurs biens à des personnes de condition modeste. S’il ne s’agissait pas forcément de trésors, un objet de valeur relativement faible au moment du don peut valoir très cher aujourd’hui. Un reçu du bénéficiaire comportant la description du bien était remis au notaire en charge de la succession.
Souvent, les héritiers réalisaient un double qu’ils conservaient. Avec un tel document, on peut retrouver la provenance antérieure d’un objet, information d’une grande utilité pour la vente d’un objet ou d’une œuvre d’art de prix.
Dans ce testament daté de 1919, un notable lègue la majeure partie de sa fortune (très nombreux immeubles de rapport à Paris, objets d’art,…) à des œuvres de bienfaisance, mais aussi à ses employés et ex-employés. Document de travail pour cet article ©ArtWithoutSkin
Les photographies ou tableaux montrant les objets – dans l’intérieur d’un aïeul ou ailleurs – auront la même utilité. On peut également trouver des informations sur la provenance de meubles et d’objets dans des correspondances anciennes.
Ces documents ne sont pas toujours des preuves exploitables, voire irréfutables. Factures, testaments et reçus décrivant des biens de manière très vague peuvent être écartés.
Un objet figurant sur une photographie, sur un tableau ou dans un inventaire peut avoir été perdu ou détruit, et refait à l’identique.
Une documentation ancienne et assez détaillée peut avoir été utilisée pour fabriquer une imitation d’un objet ou d’une œuvre réputée comme perdue (au risque de voir l’original ressurgir).
Pour des œuvres d’art de très grande valeur, les documents susceptibles d’aider à l’authentification seront examinés avec la plus grande attention. Le marché de l’art garde en mémoire l’histoire récente du faussaire Wolfgang Beltracchi. Cet Allemand fabriquait de faux tableaux d’artistes célèbres, mais aussi de fausses preuves de leur histoire (invention d’une étiquette de collection, fausse photographie ancienne truquée).
Des documents peuvent montrer ou décrire une œuvre différemment en raison de transformations intervenues au cours de son histoire.
En juin 2016, à Paris, Christie’s a vendu pour une somme très élevée un torse en marbre d’un faune dansant, une pièce de l’art romain datée vers le 1er siècle avant J.-C. La sculpture, découverte à Rome en 1777, a fait partie de la collection personnelle du duc de Westminster, Robert Grosvenor.
L’œuvre apparaît à l’arrière-plan de The Grosvenor Family, peint par Charles Robert Leslie en 1831, mais sous la forme d’une statue complète. Les éléments manquants aujourd’hui (notamment la tête et des parties des bras et des jambes) par rapport à la représentation sur le tableau n’ont pas été perdus, mais ils avaient été ajoutés au XVIIIe siècle à Rome.
Une œuvre peinte peut avoir été rendue méconnaissable en raison de transformations, possiblement réversibles, comme l’ajout de détails ou la modification de couleurs par l’un de ses propriétaires successifs. On rencontre le même type de problème avec des meubles d’époque pouvant être confondus avec des meubles de style, en raison de modifications touchant à l’ornementation, souvent apportées pour être en phase avec la mode d’un moment.
Joli bric-à-brac accumulé pendant plusieurs générations et vendu sur un vide-grenier. La place de certains de ces objets est plutôt chez un antiquaire ou dans une salle de ventes aux enchères. Document de travail pour cet article ©ArtWithoutSkin.
De petits objets d’aspect anodin
Il faut rester vigilant avec certains petits objets de collection d’aspect anodin, susceptibles d’être jetés un peu trop systématiquement.
La valeur d’une rareté dans les catégories des boutons de vêtements, des fèves des rois, des plumes pour écrire, des images pieuses ou, comme nous l’avons déjà vu, des insignes militaires émaillés, peut atteindre quelques centaines d’euros, voire plus. Les objets de ce type sont souvent retrouvés en nombre, ce qui nécessite un tri laborieux. Mais le jeu peut en valoir la chandelle.
Collection d’estampes japonaises du XIXe siècle déchirées par erreur lors du débarras d’un appartement parisien. Certaines portaient un cachet « M. Larionov ». La perte financière se chiffre possiblement en milliers d’euros. Document de travail pour cet article ©ArtWithoutSkin.
Pierrick Moritz
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