Les trésors du “coffre Vollard” vendus en juin

Des années après l’issue d’un interminable procès, Sotheby’s va mettre en vente, en juin, à Londres et à Paris, un ensemble de 141 œuvres et livres d’art provenant du stock d’Ambroise Vollard et déposé peu après sa mort dans le coffre d’une banque parisienne par Erich Slomovic.

En 1939, peu après la mort d’Ambroise Vollard, Erich Slomovic, un de ses amis et  étudiant de nationalité yougoslave, se retrouve en possession d’un nombre important d’œuvres provenant du stock du marchand d’art.

Il en dépose une partie  dans un coffre-fort de la Société Générale à Paris et emporte l’autre en Yougoslavie, où elle sera exposée en 1940 au Musée de Zagreb.

Le jeune homme est assassiné par les nazis à la fin de 1942 et le précieux dépôt se retrouve en déshérence.

L’agence bancaire parisienne résilie le contrat de garde en 1946, ouvre le coffre et va conserver son contenu à Nantes jusqu’en 1977, où il est inventorié par un commissaire-priseur.

Le « trésor » est notamment constitué d’une peinture de Derain, une vue de Collioure de la meilleure période fauve (1905), d’un portrait de jeunesse d’Émile Zola par Paul Cézanne, d’estampes par Degas, Gauguin, Renoir, Mary Cassatt et Picasso et de livres d’art.

La banque obtient la désignation d’un séquestre avec mission de faire procéder à la vente publique de ces objets, au motif de récupérer les frais de mise en dépôt jamais réglés (et dont le montant est ridicule en regard de la valeur des œuvres concernées).

Deux commissaires-priseurs sont mandatés pour préparer une vente aux enchères, programmée pour mars 1981, à Paris.

Avertis par le battage médiatique fait autour de la vacation, les héritiers de Slomovic et de Vollard se manifestent, en obtiennent l’annulation et se lancent dans une bataille juridique sans merci pour récupérer ce que chacun estime être son bien.

Au cours des épisodes du procès, un des héritiers d’Ambroise Vollard proposa que la Société Générale n’était plus tenue au secret vis-à-vis de son déposant après la résiliation du contrat de garde en 1946 et que la banque n’avait pas fait connaître à la succession Vollard l’existence d’objets susceptibles de l’intéresser.

Il fut aussi question de chercher à savoir si le silence de la banque après 1946 n’avait pas rendu plus difficile pour les héritiers Vollard la preuve de la précarité de la possession d’Erick Slomovic.

Interrogations auxquelles la cour répondit que, vu que l’obligation au secret à laquelle est tenu le banquier ne cesse pas avec la résiliation du contrat de garde conclu avec son client, la Société Générale n’avait pas à divulguer aux ayants-cause d’Ambroise Vollard le contenu d’un coffre loué par Erick Slomovic même après son ouverture.

Sur le caractère possiblement équivoque de la possession des œuvres, il avait été mentionné que, si les documents soumis à l’appréciation de la cour n’apportaient pas la preuve qu’Erick Slomovic avait bien exercé des fonctions de courtier ou même de préposé pour le compte d’Ambroise Vollard, il ne fallait pas omettre la possibilité d’un mandat occasionnel ayant pu porter sur tout ou partie des œuvres qui lui avaient été remises.

Finalement, la conduite de la banque fut jugée comme conforme avec la loi, les œuvres furent partagées entre les héritiers des deux parties mais au plus grand bénéfice de ceux d’Ambroise Vollard.

Le tableau de Derain, estimé 10/15 millions d’euros, sera vendu à Londres le 22 juin et les 140 autres pièces, un ensemble évalué à 3 millions d’euros, seront dispersée à Paris le 29 juin.

PM

Source pour les éléments juridiques :

http://www.lexinter.net/JPTXT2/caractere_non_equivoque_de_la_possession.htm



Catégories :Art moderne, Londres, Marché de l'art, Paris

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1 réponse

  1. L’œuvre la plus importante que contenait ce coffre, le tableau de Derain de 1905, a été payé l’équivalent de 19,66 millions d’euros ce soir à Londres chez Sotheby’s.

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