Art déco moderniste du château de Gourdon : plus de rumeur que de mal

La vente des pièces d’art décoratif majeures de la collection du château de Gourdon, en l’occurrence principalement issues des courants les plus modernistes de l’art déco, dont des débuts de l’Union des Artistes Modernes, proposée hier soir par Christie’s Paris, affiche de bien meilleurs résultats que ceux prédit par la rumeur. L’ensemble, très critiqué pour ses pièces acquises plus ou moins récemment et  assorties d’estimations importantes, a rapporté quelque 24 millions d’euros pour 66 lots vendus sur 77 présentés.

L’exposition publique de la prestigieuse collection d’art décoratif du XXe siècle du château de Gourdon, a provoqué beaucoup de moues tordues, entre cynisme et dépit, mais aussi réalistes, devant les estimations élevées de meubles acquis en un temps record et à coups de millions d’euros. Selon la rumeur, le vaste espace nécessaire du palais de Tokyo n’était qu’un écrin tapageur, soit une image tout de même inadaptée pour des acheteurs potentiels qui en ont vu d’autres question hauteur sous plafond. Au final, le vendeur s’en tire plutôt bien.   

Une vingtaine de lots vendus au-dessus des estimations

Si le lot le plus cher de la vente, une table à jeu et ses 4 fauteuils en laque noire, une réalisation de Jean Dunand pour Madeleine Vionnet, vers 1929-1930, estimé 3/5 millions d’euros, n’a pas trouve preneur, une bonne vingtaine de lots a tout de même été vendue au-dessus des estimations.

Pour les réévaluations les plus spectaculaires, une commode “Lassalle” d’Émile-Jacques Ruhlmann, vers 1925, a été payée 1,8 million d’euros sur une estimation de 500.000/700.000 euros ;   du même créateur, un meuble à fards dit “ cave à liqueur Nicolle”, vers 1930, a été payé 1,49 million sur une estimation de 300.000/400.000 euros ; de Gustave Miklos, une Jeune fille, sculpture en bronze à patine brun-noir translucide, 119 cm de hauteur, estimée 500.000/700.000 euros, a été payée 1,35 million ; un tapis rectangulaire de 1924 de Pierre Legrain est monté à 325.500 euros quand 120.000/180.000 en étaient attendus.

Des meubles vendus au prix fort

Malgré leurs importantes estimations, certains meubles ont encore été payés conformément à ces attentes.     

D’Émile-Jacques Ruhlmann,  le bureau et son fauteuil, réalisé en 1929 pour André Tardieu et estimé 2/3 millions d’euros, a été adjugé 2,3 millions d’euros. L’ensemble, acheté séparément dans la même vente chez Christie’s New York en 2000, avait été payé 1,78 million de dollars pour le bureau et 94.000 dollars pour le fauteuil. 

Sa célèbre chaise-longue reposant sur un piètement en forme de paire de skis et dite du ‘Maharadjah’, une création de 1929, a été payée 2,86 millions d’euros sur une estimation de 2/3 millions.   

Dans la séquence de l’art nouveau, mais pour une création de 1925, un lit double et ses deux chevets, modèle dit “aux nénuphars”, par Majorelle, a été payé 1,16 million d’euros sur une estimation de 1/1,5 million. Le vendeur avait payé cet ensemble 619.500 livres en 2000 chez Sotheby’s Londres, mais avec l’armoire assortie, non présentée ici mais qui le sera dans la vacation de ce soir pour cette dispersion-fleuve en plusieurs sessions.

L’emblématique table d’appoint E-1027 en acier tubulaire et aluminium d’Eileen Gray, vers 1926-1929, a été payée 240.000 euros quand elle était estimée 200.000/300.000.

De la même créatrice, un paravent “briques” laqué noir, à sept étroites feuilles, un exemplaire qui équipa l’appartement de la créatrice, rue Bonaparte à Paris, a été payé 1,35 million d’euros sur une estimation de 1/1,5 million. Le lot avait été acheté en juin 2000 chez Sotheby’s New York pour 1,2 million de dollars.

Les 709.000 euros payés pour un exemplaire historique de son fauteuil Bibendum, vers 1926-1929, estimé 600.000/900.000, constitue également une enchère impressionnante, et bien que le siège ait été acquis au ras de son estimation basse. 

On retrouve le même cas de figure pour un ensemble de boiseries de fumoir dit “Les Palmiers”, de Ruhlmann, payé 2,19 millions d’euros avec les frais quand 2/3 millions en étaient attendus.

Invendus remarqués

Du côté des invendus les plus importants, un fauteuil “transat” d’Eileen Gray, vers 1926-1930, avec une structure en bois laqué, flanqué d’une estimation vraiment excessive de 600.000/800.000 euros n’a pas trouvé preneur. Le siège avait été acheté 125.000 livres par un précédent propriétaire en mai 2001 chez Christie’s Londres.

On retrouve le même cas de figure pour deux luminaires de la créatrice, une suspension “aéroplane”, vers 1930, estimée 300.000/500.000 euros (achetée 228.000 euros chez Christie’s Paris en mai 2003) et un lampadaire, vers 1925/1930, qui était estimé 300.000/500.000 euros.

Un mobilier de salle à manger, créé en 1927 par Robert Mallet-Stevens et Marcel Breuer, n’a pas convaincu avec son estimation de 400.000/600.000 euros.

Des centaines de lots provenant du château de Gourdon encore dispersés aujourdhui et demain

La dispersion des collections du château de Gourdon se poursuivra aujourd’hui et demain, avec des vacations de livres et documents relatifs aux périodes art nouveau/art déco, d’armes et armures, de mobilier et de peintures anciens, d’objets d’art et d’autres meubles et objets art déco, dont des créateurs de l’Union des Artistes Modernes.  

Pierrick Moritz 

Les estimations sont données sans les frais à la charge de l’acheteur (20% entre 20.000 et 800.000 euros, 12 % au-dessus). Les résultats incluent ces frais.



Catégories :Artisanat d'art, Arts décoratifs, Marché de l'art, Paris

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