Un Salvator Mundi présenté comme un œuvre autographe de Léonard de Vinci par Christie’s a été vendu 450 millions de dollars avec les frais (adjugé 400 millions sans les frais) le 15 novembre dans la salle new-yorkaise de l’intermédiaire de vente. Il s’agit d’un prix record pour une œuvre d’art vendue aux enchères.
Compte tenu des prix du marché, des attentes autour de 100 millions de dollars annoncées par des sources fiables (dont AFP) semblaient encore attractives pour une œuvre d’un tel maître ayant subi de très nombreuses interventions au cours de son histoire.
Et le prix de vente spectaculaire peut être considéré comme à peu près cohérent pour une œuvre dans cet état d’un peintre aussi prestigieux.
La Joconde a aujourd’hui une valeur de plusieurs milliards d’euros.
Le sujet du Salvator Mundi peut être perçu comme un symbole du génie et de la puissance créatrice de Léonard de Vinci, il devient alors emblématique.
Léonard de Vinci (1452-1519) : Salvator Mundi, huile sur panneau, peint vers 1500, 65,7 x 45,7 cm. Vendu 450 millions de dollars le 15 novembre chez Christie’s New York.
Mais ce prix tout à fait exceptionnel sur le marché de l’art ne va pas manquer de faire enfler la polémique autour de cette vente.
Le très influent critique d’art américain Jerry Saltz (New York Magazine) est particulièrement remonté contre Christie’s ; ses messages virulents, mais souvent argumentés, fleurissent sur Twitter.
Pierrick Moritz
L’information en plus
Faux et copie dans la peinture ancienne*
La spécialité de la peinture ancienne, concernant les œuvres antérieures à la Révolution française, n’échappe pas au problème des faux, et encore moins des copies, extrêmement nombreuses et dont certaines peuvent avoir une valeur commerciale très élevée.
En dehors des répliques à l’identique, il existe des copies très inspirées par des œuvres originales. Il ne pas les confondre avec les différentes versions d’une composition réalisée par un même artiste, considérées comme des originaux. Ce dernier cas de figure est assez fréquent dans le domaine de la peinture ancienne, avec des variantes d’une même œuvre possiblement nombreuses.
Autant les différentes versions d’une même composition seront généralement bien répertoriées pour les célébrités de l’art moderne et contemporain, autant celles concernant des créations beaucoup plus anciennes auront été plus souvent dispersées aux quatre vents, sans que l’on sache où situer certaines.
La spécialité de la peinture ancienne, notamment marquée par le Sacré, est aussi caractérisée par des situations fréquentes de problèmes d’attribution.
Les ateliers de Rubens ou de Rembrandt furent si productifs que même les experts peuvent s’y perdre pour savoir dans quelle mesure une œuvre peut être attribuée à l’un de ces grands maîtres. Dans Le Siècle de Rubens (Albin Michel, Fonds Mercator), Peter C. Sutton évoque la visite d’un physicien danois dans l’atelier du peintre en 1621. Le scientifique y «…vit un bon nombre de jeunes peintres occupés chacun à une œuvre différente, pour laquelle Mr Rubens avait tracé un trait à la craie ainsi que quelques touches de couleurs de-ci de-là. Les jeunes gens devaient tout mettre en peinture et Rubens ajouterait ensuite les dernières touches au pinceau et en couleurs.»
Les documents d’époque reproduisant ou décrivant une œuvre ne sont pas des preuves pour affirmer que ladite œuvre soit arrivée jusqu’à nous. Ces témoignages seraient aussi de précieuses indications pour un faussaire s’intéressant à une œuvre réputée perdue ou détruite.
Pour toutes les périodes de l’histoire de l’art, une œuvre laissée inachevée par un artiste peut avoir été « terminée » par une ou plusieurs personnes, de son vivant ou après sa mort.
Pierrick Moritz
* Synthèse tirée de mes articles payants, protégés par dépôt d’empreinte numérique.
Catégories :Aide estimation (antiquités, art, collections), Analyses (marché de l'art), Marché de l'art, Peinture ancienne
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