J’ai eu la chance de visiter hier la très attendue exposition Super Terram (hors-sol en latin) dont on règle les derniers détails avant son ouverture au public le vendredi 10 février. Il faudra courir profiter de cet évènement de qualité muséale qui transforme l’espace Voltaire, une ancienne fabrique industrielle du onzième arrondissement de Paris, en troublant envers de notre société contemporaine.

Une fois passée la porte d’entrée, les visiteurs posent les pieds sur un sol recouvert de terre, comme si la nature reprenait ses droits sur les fondations artificielle du lieu. Nous sommes partis pour un voyage où les installations de dix artistes issus de l’art urbain, et formant une représentation internationale, sont comme autant de transparences et d’indices sur des aspects d’une humanité dérivant loin d’elle-même, c’est-à-dire de la nature. La torsion n’est pas moralisatrice ; elle donne à penser sur un tiraillement facteur de malaise, l’arrachement à la racine étant finalement impossible.

Joaquin Jara (vit et travaille à Barcelone), artiste et sculpteur environnementaliste : œuvre maniériste exposée à Super Terram. Corps éphémère, dans le processus naturel de dégradation, donc vivant. Image © Matteo Berardone 2023.

Gonzalo Borondo (vit et travaille à Ségovie – Espagne) : installation immersive exposée à Super Terram. Verre gravé à l’acide ; nature traitée par le sacré ; visible et invisible. Image © Roberto Conte 2021.

Michael Beitz (vit et travaille à Roswell, États-Unis). La relation humaine à l’objet est aussi une histoire de conditionnement par l’objet utilisé. Mise à distance avec la transformation d’objets de récupération qui, en perdant leur fonction, nous laissent désemparés avec des réflexes devenus inutiles comme, ici, avec l’articulation d’une chaise, d’une accumulation présente dans l’exposition, ou avec un imposant canapé étiré comme du chewing-gum. L’artiste expose également de dérangeants tapis découpés en forme de corps humain, rembourrés et cloués au sol. Image © Matteo Berardone 2023.

Addam Yekutielli (alias Know Hope ; vit et travaille à Tel Aviv, Israël). Expose un saisissant verger ; des arbres morts bourgeonnant d’éprouvettes contenant des mélanges de fleurs en train de s’assécher. Image : © Matteo Berardone 2023.

Sont également exposées, des œuvres de : Cela (vivent et travaillent entre les Sables-d’Olonne et Paris, France) ; A.L. Crego (vit et travaille à Corogne, Espagne) ; Germain Ipin (vit et travaille à Toulon, France) ; Amir Roti (vit et travaille à Paris, France) ; Seth (vit et travaille à Paris, France) ; Axel Void (vit et travaille à Cadiz, Espagne).

Le vidéaste Matteo Berardone (vit et travaille à Milan, Italie), propose un ensemble de vidéos montrant le processus de création en commun de ces artistes appelés par l’artiste curateur Gaël Lefeuvre, lui-même invité par la Fondation Desperados pour l’Art urbain, organisatrice de l’exposition. L’évènement est réalisé en partenariat avec Plateau Urbain et Sikkens Solution.

Un certain nombre d’œuvres étant évolutives, comme en fonction de l’affluence du public, les visiteurs sont invités à revenir voir l’exposition au moins une fois pour constater les transformations.

Exposition Super Terram, proposée du 10 février au 19 mars 2023, du mercredi au dimanche de 11 heures à 19 heures, à l’espace Voltaire, 81 boulevard Voltaire. 75011 Paris. Entrée gratuite.

Catégories :Art contemporain, Art urbain, Expositions, Paris

Tags:Addam Yekutielli, Espace Voltaire, Gonzalo Borondo, Joaquin Jara, Michael Beitz, Super Terram