Sotheby’s, un peu trop euphorique ?

Faisant fi de la conjoncture économique, Sotheby’s propose une très importante vente d’art impressionniste et moderne à New York le 4 novembre

Alors que les bourses internationales semblent avoir entamée une nouvelle « bulle », tant  leur évolution paraît inversement proportionnelle à celle de l’économie réelle, Sotheby’s présente un catalogue de qualité muséale, avec des estimations à l’avenant, pour sa vente d’art impressionniste et moderne du 4 décembre à New York.

Plus de la moitié des œuvres du catalogue estimée au moins 1 $million

La vacation comporte 68 lots, soit seulement 17 de moins que pour sa vente équivalente de l’année dernière où 39 n’avaient pas trouvé preneur (dont une toile de Matisse des années 1930 estimée 12/18 $millions). 39 œuvres du catalogue d’aujourd’hui sont estimées au moins 1 $million  dont 8 au moins 4 $million.

Une grande majorité de ces tableaux n’a jamais été soumise à l’appréciation d’une vente publique (l’intérêt de la nouveauté qui se transforme, en cas de mévente, en pedigree impitoyable, car notoire, pour l’avenir de ces œuvres sur le marché).

Il s’agit principalement d’œuvres d’art moderne quand l’impressionnisme apparaît comme étant la valeur la moins risquée de la période impressionnisme/art moderne.

Les traders achètent-ils de l’art impressionniste et moderne ?

De par sa dimension financière excessive dans un contexte économique déprimé, cette vente représente une opération à risques pour un domaine de l’histoire de l’art réputé pour attirer des passionnés nettement moins riches ou disposés à acheter que les années précédentes,  un profil de collectionneur qui dénote d’avec celui  des grands gagnants de cette fin d’année : les traders du monde de la finance, plus enclins à dépenser des fortunes en diamants, montres et voitures de luxe, voire, éventuellement, pour des artistes contemporains à la mode.

Un mousquetaire de Picasso en œuvre-vedette de la vente

L’œuvre la plus chère de la vente, estimée 8 à 12 $millions, est une toile de Pablo Picasso de 1969 intitulée Buste d’homme et représentant un mousquetaire (l’Œuvre de Picasso fut, dans la seconde moitié des années 1960, très inspirée par Les Trois Mousquetaires de Dumas). Le tableau a fait  partie de l’exposition Pablo Picasso 1969-1970 présentée en 1970 au Palais des Papes d’Avignon. 

En mai dernier, toujours à New York, Christie’s a vendu un Mousquetaire à la pipe de Picasso et de la même époque quelque 14,64 $millions, soit au ras de l’estimation basse mais au double de sa précédente adjudication en 2004.  En novembre 2008, Sotheby’s avait vendu à New York un Mousquetaire et femme à la fleur, huile sur toile de 1967, 9 $millions sur une estimation de 8/10 $millions.

Giacometti, van Dongen, Kandinsky et des œuvres de la collection Durand-Ruel

Parmi les lots-vedettes de la vente de ce 4 novembre figurent également un bronze d’Alberto Giacometti, L’Homme qui chavire, une sculpture en bronze estimée  8/12 $millions $millions ; un Jeune Arabe de Kees van Dongen, une toile estimée 7 à 10 $millions ; de Kandinsky, Krass und Mild, une œuvre peinte  en 1932 et estimée 6 à 8 $millions. On trouve aussi au catalogue 7 œuvres provenant de la célèbre collection Durand-Ruel.

Les mauvais résultats du premier semestre 2009

Si en novembre 2008, toujours à New York, Sotheby’s réalisait le chiffre d’affaires record de 224 $millions pour une vente dans la spécialité et où une composition suprématiste de Malevitch avait été payée quelques 60 $millions, les ventes du premier semestre 2009 ont confirmé l’évident adage que l’extrême qualité de l’offre n’a jamais rempli le compte en banque du collectionneur désireux de se l’offrir. 

En mai dernier, toujours chez Sotheby’s à New York, les deux œuvres les plus chères d’une vacation d’art moderne et impressionniste, une sculpture d’Alberto Giacometti estimée 16/22 $millions et un portrait de Marina Picasso par son père (même estimation), n’avaient pas trouvé preneur.

A l’époque, Christie’s s’en était beaucoup mieux sortie, notamment en vendant les cinq Picasso de son catalogue dont un Mousquetaire à la Pipe de Picasso, payé 14,64 $millions. Soit un prix proche de son estimation basse mais représentant quand même le  double  de celui de sa précédente adjudication en vente publique.   

Christie’s proposera moins de lots, mais aussi avec une proportion élevée d’œuvres millionnaires

Pour sa vente équivalente du 3 novembre, toujours à New York, Christie’s se montre plus prudente avec seulement 40 lots présentés (contre 45 l’année dernière). Cependant, les estimations de 23 d’entre eux dépassent  le million de dollars avec, pour les plus élevées, une Tête de femme de Picasso datée de 1947  (7/10 $millions), un grand pastel de Degas représentant des danseuses (7/9 millions) et une huile sur toile datée 1901 par Monet, Vétheuil, effet de soleil (5 à 7 $millions).

Pierrick Moritz

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Catégories :Art moderne, New York City

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