Les résultats des ventes publiques d’art contemporain de la semaine dernière à Londres révèlent un marché contracté en valeur. Les vendeurs à court de liquidités doivent faire preuve de prudence avant de choisir d’y placer leurs œuvres.
L’essentiel des œuvres d’art contemporain présenté dans les ventes publiques internationales se retrouve désormais dans des fourchettes d’estimation beaucoup plus abordables, au détriment des vendeurs.
Un marché contracté en valeur
Les ventes d’art contemporain organisées par Christie’s et Sotheby’s la semaine dernière, à Londres, montre un marché contracté en valeur. Le 16 octobre, Christie’s a réuni 11 millions de livres en écoulant la quasi totalité d’un catalogue de 25 lots, quand, pour sa vente équivalente de l’année dernière, elle communiquait un résultat de 32 millions pour 21 lots vendus.
Effet d’inflation d’estimations très prudentes
Globalement, les estimations données sont extrêmement prudentes. Dans certains cas, le rattrapage de prix opérés par les enchérisseurs peut créer une illusion d’inflation des prix.
Activité soutenue pour les œuvres jusqu’à 25.000 livres
Malgré de belles enchères, et en raison d’une activité soutenue sur les œuvres jusqu’à 25.000 livres, ce sont les vendeurs les plus modestes (et pressés de vendre) qui ne sont pas forcément à la fête en présentant leurs œuvres dans ces ventes publiques internationales. Le montant exhorbitant des commissions et des frais engendrés par le placement d’œuvres de cette valeur dans de telles vacations devraient les conduire à traiter avec les galeries, les lieux de vente physique en général.
Tous vendus mais certains mal vendus
Le 16 octobre, pour une vente de prestige en soirée, Christie’s a écoulé la quasi intégralité de son catalogue de 25 lots (24 vendus). La singularité du résultat de cette vacation est que, en regard des estimations, les lots qui ont atteint les enchères les plus élevées n’étaient pas forcément ceux qui étaient pressentis pour ce destin-là.
L’œuvre dont l’estimation était la importante, un grand format à l’huile sur toile de Peter Doig, estimé 1,5 /2 millions de livres, a été abandonnée à l’enchérisseur ayant accepté de débourser1,4 million avec les frais de 15 %.
Deux huiles de Gerhard Richter, également en tête du catalogue pour les œuvres les plus chères, avec une estimation de 500.000/700.000 livres pièce, ont été payées 541.250 livres et 505.250 livres avec les frais de 15 %, soit un prix « marteau » sous l’estimation basse.
Une petite installation de Damien Hirst, Maxwell’s (armoire à pharmacie), réalisée en 1997-98, estimée 100.000/150. 000 livres, a été payée au ras de son estimation basse, soit 115.250 livres. Cette œuvre avait été achetée pour 117.600 livres par le présent vendeur, en 2004. Mauvaise affaire, donc.
Une huile sur toile monumentale de Neo Rauch, prudemment estimée 350.000/450.000 livres, a été appréciée jusqu’à 892.450 livres.
Prix records pour Martin Kippenberger
Ce sont deux huiles sur toile de grand format de Martin Kippenberger qui ont produit les plus belles enchères de la vente. La première, estimée 800.000 /1,2 million de livres, a été payée 2,28 millions. La facture de la seconde s’élève à 1,1 million, pour une estimation de 500.000/700.000 livres.
Pierre Soulages
21 mars 1961, Une huile sur toile de Pierre Soulages, a été payée 481.000 livres, pour une estimation de 200.000/300.000 livres.
Art contemporain italien et estimation dépassée pour Anselm Kiefer
Dans les ventes d’art contemporain italien, proposées le 16 octobre par Christie’s et Sotheby’s, les invendus ont été rares. Sotheby’s a produit la plus haute enchère, avec un tableau de Giorgio de Chirico laissé sous son estimation basse de 900.000 livres sans les frais (15 %), à 881.250 livres avec les frais.
735.750 livres, la meilleure enchère chez Christie’s, va à un Concetto spaziale, Attese, de Lucio Fontana, vendu conformément à son estimation haute. L’opérateur a réalisé un chiffre d’affaires de 5,79 millions de livres en 28 lots, contre 7,39 millions pour 29 lots vendus chez le concurrent.
Pour sa vente d’art contemporain en journée, traditionnellement garnie de lots moins importants en valeur, Christie’s a réalisé l’enchère la plus élevée, pour une création d’Anselm Kiefer, payée 169.250 livres, pour une estimation de 70.000/90.000 livres. Sur 111 lots présentés, 92 sont été vendus sous les 50.000 livres, en conformité avec les estimations.
Jean-Michel Basquiat, artistes arabes et iraniens
Le 16 octobre, Sotheby’s proposait aussi une vacation incluant les œuvres d’artistes arabes et iraniens. La vacation a rapporté 12,75 millions de livres, avec 148 lots vendus sur 245 présentés. Sous un sommet de 959.560 livres, allant à une acrylique sur toile de Jean-Michel Basquiat, la très grande majorité des œuvres a été négociée, conformément aux estimations, sous les 100.000 livres. Une huile sur toile du Libanais Nabil Nahas a été payée 75.650 livres (estimée 40.000/60.000 livres) ; une autre de l’Iranien Farhad Moshiri a été échangée contre 73.250 livres, conformément à son estimation haute.
Pierrick Moritz
Catégories :Art contemporain, Londres, Marché de l'art
Votre commentaire