Un œuf de Pâques surdimensionné (199 x 195 x 163 cm) de Jeff Koons, en acier chromé bleu/turquoise, l’extérieur imitant un traditionnel emballage en papier métallique et coiffé d’un nœud de ruban, fera partie de la vente d’art contemporain proposée par Christie’s, le 27 juin à Londres.
Ce Baroque Egg with Bowe existe en 5 exemplaires réalisés entre 1994 et 2008. Tous présentent une association de couleurs œuf/nœud différente. Cette version est assortie d’une estimation équivalant à 4,7/5,5 millions de dollars (2,5/3,5 millions de livres).
L’exemplaire est le dernier disponible sur le marché, du moins jusqu’à ce que l’un des propriétaires des autres se décide à revendre le sien.
En novembre dernier, à New York, Christie’s vendait une version de ce Baroque Egg with Bow, variante orange/magenta, un peu plus grande (212,1 x 196,9 x 152,4 cm), pour 6,42 millions de dollars avec les frais (12%) pour une estimation de 5,5/6,5 millions.
En mai 2009, toujours à New York, Sotheby’s consentait à un rabais de 20 % pour écouler un troisième exemplaire, bleu/magenta, les dimensions identiques au précédent, alors estimé 6/8 millions de dollars sans les frais (12 %). L’œuf était finalement payé 5,48 millions avec les frais.
En juin 2008, un exemplaire de Balloon Flower (Magenta), sculpture en métal imitant une baudruche nouée en forme de fleur, était payé l’équivalent de 25,8 millions de dollars chez Christie’s Londres, devenant l’œuvre de Koons la plus chère de Koons en vente publique. Deux ans et demi plus tard, chez Christie’s, à New York, un autre exemplaire en version bleue, estimée 12/16 millions, était payé 16,88 millions. La seule différence de couleur explique difficilement cet écart, à moins que l’on ne soit plus dans le domaine de l’art, mais dans celui de la décoration.
En mai 2011, chez Sotheby’s, à New York, Pink Panther, une sculpture en porcelaine représentant une femme blonde torse nu, tenant dans ses bras une panthère rose en peluche sur le modèle de celle du film de Blake Edwards, assortie de l’estimation délirante de 20/30 millions de dollars sans les frais (12%), avait été laissée à 16,88 millions avec les frais. Cet exemplaire d’un multiple de 3 + 1 épreuve d’artiste faisait partie de l’encombrante exposition Jeff Koons proposée au château de Versailles en 2008.
L’année précédente, un mille-pattes gonflable encastré dans un escabeau, estimé 5,5/7,5 millions de dollars, n’avait pas trouvé preneur dans une autre vente aux enchères.
Même si la cote de Koons est globalement en baisse, avec une œuvre, comme celle de Damien Hirst, semblant témoigner d’une époque révolue (celle d’avant la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008, en pleine crise des subprimes), et malgré un phénomène de rareté habilement géré pour ce genre de situation, certaines de ses œuvres continuent à se vendre à des prix bien plus élevés que dans les années 2000.
En mai 2008, chez Christie’s New York, un New Hoover Convertibles, New Shelton Wet/Drys 5-Gallon, Double Decker de Jeff Koons, une installation de 4 aspirateurs éclairée par des néons fluorescents, était payée 11,8 millions de dollars. En novembre 2009, même lieu, même opérateur, une œuvre du même type mais avec seulement 2 aspirateurs, était encore enlevée pour 3,1 millions. Cette dernière avait été payée 358.000 dollars en mai 2000 chez Christie’s, à New York.
En mai 2010, sur la même place, Sotheby’s avait vendu une pièce de la série Jim Bean (wagons ou locomotives de trains remplis de bourbon, sur le modèle des bouteilles à liqueur fantaisie), J.B. Turner Engine, numéro 3 d’une série de 3 plus 1 épreuve d’artiste, pour 2,32 millions de dollars. Trois ans plus tôt, pour cette série de 1986 et avec le même tirage et le même ordre de dimensions, un Cadoose (2/3) et un Observation Car (2/3) avaient été payés nettement moins cher : 1,6 million pièce. En 2000, ce genre de « babioles » se vendait autour de 56.000 livres chez Sotheby’s Londres.
En novembre 2009, chez Christie’s, à New York, un bouquet de fleurs en bois polychrome de l’artiste, payé l’équivalent de 994.961 dollars en 2000, lors d’une vente chez le même opérateur à Londres, était acheté pour 5,68 millions.
Une question demeure : quel est le profil des acheteurs qui peuvent engager aujourd’hui des sommes aussi importantes sur des œuvres de Koons ?
Pierrick Moritz
Catégories :Art contemporain, Londres
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