Sans son lot majeur, une Baigneuse de Pierre-Auguste Renoir estimée 12/18 millions de livres, la vente aux enchères publiques d’art moderne orchestrée par Christie’s hier soir à Londres s’en tire très honorablement, et notamment grâce à un ensemble de bronzes de Degas dont certains ont pulvérisé leur estimation.
L’annonce d’une transaction privée avant la vente sur la Baigneuse de Renoir n’est pas complètement une surprise, dans un climat économique général fébrile, où il vaut mieux tenir que courir, et auquel n’échappe pas le marché de l’art.
Ce cas de figure a été vu en novembre dernier, quand Sotheby’s avait annoncé le retrait d’un Nu de dos (1er état) d’Henri Matisse, un exceptionnel bas-relief en bronze à 20/30 millions de dollars, quelques heures avant la vente d’art moderne new-yorkaise dont il était le clou. Cette nouvelle intervenait au lendemain d’une vente d’art moderne catastrophique chez Christie’s, sur la même place. Avant-hier, les résultats de la vente dans la spécialité de Sotheby’s à Londres ont été très mitigé, et malgré une Étoile de Miró facturée à un prix record.
Dans les deux cas, le montant de la transaction n’est pas révélé.
Sur les 70 lots du catalogue de Christie’s, 56 ont trouvé preneur, soit un taux d’invendus de 20 %, dont quelques œuvres très chères. Mais certaines estimations ont été pulvérisées.
La Baigneuse de Renoir laisse la vedette à une puissant nu surréaliste peint par René Magritte en 1927. Ce Jours gigantesques a été facturé 7,2 millions de livres pour une estimation de 800.000/1,5 million de livres.
D’un ensemble de bronzes de Degas, fondus légalement à partir de modèles originaux au début des années 1920 (après la mort de l’artiste) et provenant initialement de la famille du fondeur Hébrard, un petit Cheval au galop sur le pied droit – qui ne déplairait pas au marché chinois – a été facturé 2,16 millions de livres pour une estimation de 300.000/400.000 livres.
Pour des prix plus attendus, un acheteur a engagé 8,85 millions de livres sur Femme assise de Pablo Picasso, peinte à l’huile sur toile en 1949 et estimée 5/7,5 millions. Du même Picasso, une Femme au chien de 1962 a été facturée 6,98 millions, soit à peu prés au niveau de son estimation basse de 6 millions sans les frais (12 %). De l’ensemble de bronzes de Degas cité plus haut, une Étude du nu pour La Petite Danseuse de 14 ans, produit 2,84 millions pour une estimation de 1,8/2,5 millions.
Toujours en tête d’affiche, une très belle Corne d’Or, les minarets de Paul Signac, huile sur toile de 1907, a été facturée 6,2 millions de livres pour une estimation de 4/6 millions ; 4,5 millions de livres ont été engagés sur Paysage aux troncs bleus, peint par Paul Gauguin en 1892, qui était estimé 3/5 millions.
Parmi les lots importants restés sur le carreau, on trouve deux toiles de Maurice de Vlaminck des années 1900 (estimées 3,5/4,5 et 2,8/3,5 millions de livres), une d’Edvard Munch de la même époque (2,5/3,5 millions de livres), une tardive (1917) nature morte cubiste de Pablo Picasso (2,8/3,5 millions) et une huile sur carton de Wassily Kandinsky de 1925 (2,5/3,5 millions de livres). L’œuvre de Vlaminck estimée 2,8/3,5 millions de livres, Un Village au bord de la Seine « peint en 1906 », avait été payé 2,7 millions de livres en juin 2007 (Christie’s, Londres), sous le titre Maisons au bord de la Seine à Chatou, et pour une date « vers 1906-1907 » ; celle d’Edvard Munch, Hagen i Asgardstrand, une création de 1904-1905, 2 millions de livres en juin 2008 (Sotheby’s, Londres) ; celle de Kandinsky, Loses im Rot, signée du monogramme, 487.750 livres en juin 2001 (Christie’s, Londres).
Pierrick Moritz
Catégories :Art moderne, Londres, Marché de l'art
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