Quelle vie pour les bannis d’une société ? À travers l’histoire du Kid, porteur d’un bracelet électronique pour dix ans après avoir tenté de séduire une mineure contactée sur Internet, Russell Banks renvoie l’Amérique puritaine à ses impasses. Coupable, le Kid, jeune homme déboussolé d’une vingtaine d’années, l’est, assurément, mais la seconde chance n’existe pas pour les gens comme lui.
Le prix qu’il doit payer se décline en trois dimensions : une courte peine de prison, l’inscription sur le registre des délinquants sexuels qui lui interdit à jamais de se refaire un anonymat et l’interdiction d’habiter à proximité d’endroits fréquentés par des enfants. Où vivre alors ? Pour le Kid, le choix se résume à deux ou trois endroits seulement, dont un viaduc où il campe avec son lézard Iggy.
Russell Banks, l’un des plus grands écrivains américains contemporains, se saisit d’un sujet particulièrement casse-gueules et pointe les incohérences de cette Amérique qui voudrait bien «effacer» ses déviants, oubliant au passage que certaines de ses créations – comme les sites pornographiques d’Internet – contribuent à leurs sorties de route.
Après Le Refuge, roman historique du côté des nantis, Russell Banks retrouve tout son univers, de Continents à la Dérive jusqu’à American Darling, en passant par Trailerpark, où il scrute cette Amérique d’à-côté qui au fil des années, avec la crise économique et la remise en cause du modèle de réussite du pays, a pris de plus en plus d’importance.
Paul Bret
Lointain souvenir de la peau de Russell Banks, Actes Sud, 448 p.
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