Un petit autel au pied duquel reposent cierges allumés et fleurs fraîches : l’ambiance est à la dévotion dans l’entrée du musée de Buenos Aires dédié à Eva Perón (1919-1952), hébergé dans un hôtel particulier transformé en centre d’accueil pour femmes et enfants démunis en 1948, à l’initiative de la fondation Eva Perón
La personnalité d’Eva Perón, dont la mémoire est portée à bout de bras pour entretenir un statut d’icône populaire, est aussi très controversée en Argentine. Ses opposants reconnaissent souvent sa sincérité dans ses actions pour la justice sociale, mais ils lui reprochent de s’être laissée instrumentaliser par le gouvernement de son mari, de plus en plus dictatorial au fil des années.
Le Ma Vie, mon destin, ma mission inscrit sur le ticket d’entrée vend l’esprit de l’exposition. Photographies, films, jouets donnés aux enfants pauvres et cuisine du centre d’accueil conservée en l’état témoignent entre autres de la bonté et de l’altruisme d’Eva Perón. Mais pour décrire parfaitement l’ambiance, ses concepteurs auraient du ajouter un « mes robes ».
D’innombrables pièces de haute couture des années 1945-1950 sont présentées au public. Ces effets personnels d’Eva Perón, accessoires compris, occupent au moins la moitié du lieu. La madone des pauvres affectionnait notamment Dior et Chanel. La revanche sociale d’une petite fille pauvre devenue une personnalité puissante transparaît à travers ce déballage vestimentaire de luxe.
Avant de mourir à 33 ans, crucifiée par la maladie, une fin tragique confondue avec le sacrifice d’une vie, Eva Perón fut une actrice pâlotte, puis une « voix » radiophonique populaire. En épousant Juan Perón (en 1945), elle décrocha le rôle de sa vie et travailla, consciemment ou pas, à devenir plus adulée qu’une star hollywoodienne.
Pierrick Moritz
Museo Evita. Lafinur 2988. Buenos Aires. Dans le quartier Palermo.

Portrait d’Eva Peron sur un immeuble de Buenos Aires
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