Deux grandes ventes aux enchères d’art africain et océanien à Paris

À Paris, Christie’s et Sotheby’s proposent chacun, aujourd’hui pour le premier opérateur, demain pour le second, une importante vente d’art « premier » d’Afrique et d’Océanie. Les objets originaires d’Océanie, dont les prix ont fortement augmenté ces deux dernières années, avec des enchères pouvant dépasser le million d’euro pour les plus belles pièces, sont bien représentés même si, très majoritairement, les estimations les plus élevées vont à des objets d’art africain.

Le lot le plus énigmatique de ces deux catalogues, et en tous cas le plus ancien, est un haut de monolithe Ejagham-Bakor (Nigeria) proposé demain chez Sotheby’s. D’un grand intérêt esthétique et historique, cette partie de monument en basalte sculpté et gravé, représente une figure tutélaire. D’une hauteur de 145 cm, sa forme très épurée est phallique, avec des contours polis par les courants d’eau dont le bloc de pierre original a été extrait pour être travaillé. Selon le catalogue de la vente, cette sculpture, dont  d’autres exemplaires connus sont antérieurs au XVe siècle, est répertoriée pour la première fois dans la collection Alain Javelaud en 1978. Sur son site Internet Ofondunka, dans un article daté du 25 novembre, l’artiste, conservateur indépendant et historien d’art américain Chika Okeke-Agulu s’interroge sur la date d’acquisition de ce lot estimé 250.000/400.000 euros, une convention de l’UNESCO interdisant l’exportation de ce type de bien culturel hors du pays d’origine depuis 1970.

450.000/550.000 euros, l’estimation la plus importante du catalogue de Sotheby’s, va à un non moins impressionnant bouchon de flûte (H. 59 cm), une sculpture figurant un visage, parée d’ornements, originaire de l’aire Biwat, bas-Sepik, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Provenant probablement et initialement du Museum für Völkerkunde de Berlin, l’objet d’art a fait partie de la collection Arthur Speyer I (1858-1923) et Arthur Speyer II (1894-1958), puis de la collection M.L.J. Lemaire (1892-1979), marchand pionnier dans le domaine des arts d’Afrique, d’Océanie et d’Asie du Sud-Est, à Amsterdam, avant d’être transmis par descendance.

Chez Christie’s, une estimation stratosphérique de 2/3 millions d’euros va à un reliquaire Nkundu (République Démocratique du Congo). Il s’agit d’une sculpture anthropomorphe de 254 mètres de hauteur, un genre de sarcophage dont la boîte destinée à recueillir la dépouille du défunt est installée dans le dos du personnage. L’objet a été initialement acquis, au cours des années 1950, auprès de la Galerie Aux Bateliers, chez Aaron Berkovitch, à Bruxelles.

Des sculptures Fang assorties d’estimations élevées figurent dans les deux ventes. On trouve, notamment,  une superbe tête de reliquaire Nlo Byery chez Christie’s (estimée 300.000/500.000 euros). Outre ses qualités esthétiques, cette pièce présente l’avantage d’avoir transité par les collections parisiennes de Charles Ratton, Félix Fénéon et Pierre Berès. Pour 250.000/350.000 euros, Sotheby’s propose notamment une figure de reliquaire, Fang-Ntumu, du nord du Gabon. Cette œuvre provient initialement de la collection René Mendes-France, vers 1930. L’avant-dernier propriétaire l’avait payée 209.600 dollars chez Sotheby’s, à New York, en mai 2003.

Originaire de Guinée, un serpent Baga à la ligne dynamique, pièce inconnue du marché et présentée comme une découverte, est estimée 200.000/300.000 euros chez Christie’s. En mai 2008, à New York,  Sotheby’s avait vendu une œuvre comparable, cimier de coiffure en forme de serpent originaire de la culture Baga, de 166 cm de hauteur, pour la somme astronomique de 3,28 millions de dollars. L’objet était bien renseigné pour la provenance (collecté in situ par Hélène et Henri Kamer en 1957 ; acquis ensuite par Pierre Matisse, avant de transiter par sa galerie de New York, où il fut acheté en 1967 par le dernier propriétaire).

Du côté de l’art maori de Nouvelle-Zélande, Sotheby’s présente une inhabituelle boîte à trésor de petites dimensions, exceptionnelle par sa structure et sa représentation (un personnage assis tenant le réceptacle entre ses mains, le couvercle sculpté d’un visage). Estimation : 80.000/100.000 euros.

Pierrick Moritz



Catégories :Afrique, Art d'Afrique, Art d'Océanie, Arts premiers, Nouvelle-Zélande

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