La soirée en deux ventes d’art impressionniste, moderne et surréaliste proposée hier soir à Londres chez Christie’s a généré 179,9 millions de livres (212,7 millions d’euros), un montant record malgré des remous judiciaires qui ont conduit l’opérateur a retirer une partie des lots de sa vacation consacrée au surréalisme. Il s’agit d’un ensemble d’œuvres de Joan Miró confiés par le gouvernement portugais, une opération contestée en justice par son opposition. Si la justice portugaise a confirmé l’autorisation de la vente, Christie’s a préféré y renoncer en raison d’éventuelles incertitudes juridiques pour les acheteurs.
La vente consacrée à l’art impressionniste et moderne a été marquée par un record mondial pour une œuvre de Juan Gris vendue aux enchères : 34,8 millions de livres avec ces frais (12 %), une somme équivalant à 42 millions d’euros, engagés sur Nature morte à la nappe à carreaux, une composition cubiste peinte en mars 1915. Cette somme correspond à une adjudication « marteau » (sans les frais) de 31 millions de livres. Ce prix devance désormais, et de très loin, le précédent record pour une œuvre de l’artiste vendue aux enchères : 20,8 millions de dollars payés en novembre 2008 chez le même opérateur pour Livre, pipe et verres, une autre nature morte cubiste datée de 1915.
L’estimation de 12/18 millions de livres de cette œuvre était la deuxième la plus importante du catalogue, derrière les 15/20 millions attendus pour Femme au costume turc dans un fauteuil de Pablo Picasso, un portrait de 1955 montrant Jacqueline Roque, la dernière épouse de l’artiste. L’œuvre a suscité un enthousiasme plutôt mesuré et a été adjugée 15 millions sans les frais, soit 16,88 millions avec les frais.
Située à partir de 1938 dans la collection du célèbre galeriste parisien Louis Carré, Les Cylindres colorés de Fernand Léger, une huile sur toile (54,3 x 50, 3 cm) datée de 1918, dans une période historique pour l’œuvre de l’artiste, a été facturée 12 millions de livres, pour une estimation de 5/7 millions.
Trois hommes qui marchent I d’Alberto Giacometti, bronze à deux patines, brun sombre et brun clair, d’une hauteur de 72,4 cm, a été facturé 9 millions de livres. La fonte date de vers 1951, pour une création de 1948-1949. Estimée 6,2/8 millions, l’œuvre était confiée par le Museum of Modern Art de New-York au bénéfice de son fonds d’acquisition.
De Chaïm Soutine, La Femme entrant dans l’eau, une huile sur toile peinte vers 1931, été payée 5,1 millions de livres, pour une estimation de 2,5/3,5 millions.
Assortie de la même estimation, La Chemise rose de Tamara de Lempicka, une petite huile sur panneau peinte en 1928, est le plus cher des rares invendus de la vacation.
Cette vente était suivie d’une autre consacrée au surréalisme où, selon une dépêche AFP, une partie du catalogue de 55 lots, des œuvres de Joan Miró provenant de la banque nationalisée BPN et confiées par le gouvernement portugais, a été retirée en raison d’un différend juridique au Portugal. Si la demande d’annulation de la vente par l’opposition portugaise a été rejetée par la justice du pays, Christie’s a décidé de retirer les lots concernés dans la journée d’hier en raison d’incertitudes juridiques pour les acheteurs. Il s’agissait notamment, et pour les œuvres les plus importantes, de Femmes et oiseaux, une grande huile sur toile (245,2 X 124,6 cm) peinte en 1968, estimée 4/7 millions de livres, et d’une Peinture sur toile en longueur (56,7 x 499 cm), datée de 1953 et estimée 2,5/3,5 millions.
Au total, 85 lots de cette provenance devaient être dispersés, à travers cette vente et deux autres programmées aujourd’hui, pour une estimation totale de 30 millions de livres.
L’œuvre vedette du catalogue de surréalisme, Les Chasseurs au bord de la nuit, une huile sur toile de René Magritte, peinte en 1928, a été payée 6,57 millions de livres, pour une estimation de 6,9 millions de livres.
PM
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