À Paris, un triomphe pour la dispersion d’œuvres d’art océanien de la collection Frum

La dispersion de 49 œuvres d’art océanien de la collection torontoise Frum, proposée par Sotheby’s le 16 septembre à Paris, saluée par une salve d’applaudissements après le passage du dernier lot, a été un véritable triomphe. Le produit de vente de 7,53 millions d’euros, dans une vacation où 100 % des lots ont trouvé preneur, constitue un record mondial pour une vente d’art océanien.

La facture la plus importante, 1,6 million d’euros, va à une statue d’ancêtre Uli, aire Mandak, centre de la Nouvelle-Irlande, d’une hauteur de 140 cm, collectée entre 1904 et 1908 dans le village de Lévinko. Le marteau est tombé à 1,35 million d’euro pour ce lot estimé 700.000/1 million. Il s’agit d’un record mondial pour une pièce d’art premier de Nouvelle-Irlande. Celle-ci a figuré dans de prestigieuses collections au cours de son histoire d’œuvre d’art, et notamment dans celle d’Henri et d’Hélène Kamer.

Une statue maorie pou whakairo – sculptée en ronde-bosse -, Nouvelle-Zélande, d’une hauteur de 39 cm, dont seulement six exemplaires du même type sont répertoriés dans le monde – l’un d’eux est situé au musée Te Papa Tongarewa de Wellington -, estimée 1,5/2 millions d’euros, a été adjugée sous son estimation basse, à 1,2 million (vendue 1,44 million avec les frais). Il s’agit d’un record mondial pour une œuvre d’art maori vendue aux enchères. Ce possible portrait d’un ancêtre récemment défunt s’inscrit dans le très étroit corpus des statues anthropomorphes maories indépendantes de toute structure architecturale.

La tête d’un « Dieu-Bâton » atua rakau, île de Rarotonga, Îles Cook, d’une hauteur de 49 cm, d’une œuvre vraisemblablement collectée in situ par un membre de la London Missionary Society, dans les années 1820, a été adjugée 1 million d’euros, au prix de son estimation basse (vendue 1,2 million d’euros avec les frais). Cette sculpture est une pièce raccourcie, pour faciliter un transport au coût important à l’époque, mais aussi supprimer l’extrémité phallique, obscène pour les missionnaires. La plupart des sculptures de Rarotonga furent brûlées par les membres de la London Missionnary Society, pour faire disparaître « l’idôlatrie ». Les sculptures du type de celle de la collection Frum étaient ornées de plumes et d’un perlages en éclats de coquillages ; la section médiane de la hampe était enroulée dans un tapa.

Un perchoir à oiseaux pae kuku, maori, Nouvelle-Zélande, 44,5 cm de longueur, anciennement situé dans la collection Harry G. Beasley (1881-1939), estimé 250.000/400.000 euros, a été adjugé 360.000 euros (facturé 433.500 euros avec les frais).

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Statue « dansante » imunu, du peuple Iwaino de Papouasie-Nouvelle-Guinée,  adjugée 310.000 euros (facturée  373.500 euros avec les frais), pour une estimation de 150.000/250.000 euros.  Cette œuvre a été collectée in situ en 1930 par l’anthropologue et collectionneur suisse Paul Wirz (1892-1955). Selon un descriptif du chercheur daté de 1934, cette idole sculptée dans une racine de mangrove, dont elle épouse la forme naturelle, représente un guerrier (coupeur de têtes). Photo : Sotheby’s.

Parmi les autres prix importants, 337.500 euros avec les frais (adjudication de 280.000 euros) vont à une poignée de chasse-mouches tahiri ra’a, îles Rurutu ou Tupua’i, estimée 70.000/100.000 euros ; la même somme a été engagée sur un crochet porte-crânes, du groupe Kerewa, Papouasie-Nouvelle-Guinée (adjugé 280.000 euros), dont 80.000/120.000 euros étaient attendus ; 193.500 euros ont été payés pour acquérir un pendentif en néphrite hei tiki, Maori, Nouvelle-Zélande, d’une hauteur 18 centimètres, adjugé 160.000 euros pour une estimation de 70.000/100.000 euros ; il a fallu débourser 175.000 euros (adjudication à 145.000 euros) pour un masque mvai, du peuple Iatmul, Moyen-Sepik, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Le succès rencontré par ces œuvres issues d’une collection canadienne conforte Paris en tant que grande capitale mondiale du marché de l’art, et notamment pour des spécialités et des créateurs historiquement rattachés à la France dont les œuvres sont situées dans des collections étrangères.

En novembre, Sotheby’s dispersera  à Paris 400 œuvres de Man Ray en provenance du Man Ray Trust, situé aux États-Unis.  Un mois plus tard, il s’agira de la collection centrée sur les arts du Congo du Belge Alexis Bonew, disparu en 2013, où figurent des pièces historiques dont la dernière exposition publique remonte à 1937.

Le 11 novembre, à New York, autre place forte pour l’art premier, l’opérateur proposera la collection d’art africain de Myron Kunin (1928-2013), soit le plus important ensemble du genre jamais vendu sur le marché américain.

Pierrick Moritz



Catégories :Art d'Océanie, Arts premiers, Canada, Paris

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