Les estimations des céramiques chinoises d’exception toujours pulvérisées

Les estimations des céramiques chinoises d’exception  – et notamment  datées des XVIIe et XVIIIe siècles -,  des créations littéralement scrutées comme des pierres précieuses par les grands amateurs, sont toujours pulvérisées dans les ventes aux enchères, comme en attestent les résultats de l’importante vacation d’art chinois en deux parties programmée par Sotheby’s  les 16 et 17 septembre à New York.

Les trois prix les plus élevés, de 2,3 millions, 2 millions et 1,4 million de dollars, vont à des céramiques impériales, à décor gravé sous glaçure céladon.

Quand ces deux derniers prix correspondent à la fourchette de l’estimation, le premier – 2,3 millions – a été établi sur la base d’une attente de 200.000/300.000 dollars. Il concerne un vase d’époque et avec la marque Kangxi (r. 1661- 1722),  le corps conique très épaulé sous le col – une forme rare ; deux vases ayant celle-ci sont situés dans les collections du musée du Palais de Pékin -, présentant un décor de deux dragons sur lesquels viennent s’écraser des vagues, la couleur céladon éclaircie sur deux anneaux et le bord du col, d’une hauteur de 19,6 centimètres. Depuis son acquisition au début du XXe siècle, à San Francisco, cette pièce transmise par descendance n’a jamais été vue sur le marché de l’art.

Le quatrième prix le plus important, 425.000 dollars, correspond également à une estimation pulvérisée (50.000/70.000 dollars). Cette somme a été engagée sur un bol à décor floral polychrome émaillé sur fond jaune, d’époque et avec la marque Qianlong (r. 1736- 1795), l’intérieur peint en rouge de fer de cinq chauves-souris en vol, d’un diamètre de 15,2 centimètres. La dernière transaction concernant cette pièce remonte à 30 ans.

Une boîte pour pâte à sceau, en céramique à glaçure peau de pêche, extrêmement complexe ici, avec des nuances allant du rouge vif  à la couleur champignon, en passant par le framboise écrasée et le vert, d’époque et avec la marque Kangxi, d’un diamètre de 7,2 centimètres, a été vendue 293.000 dollars pour une estimation de 60.000/80.000 dollars. Acquise au début du XXe siècle, à San Francisco, cette pièce transmise par descendance n’a jamais été vue depuis sur le marché de l’art.

Une statuette blanche représentant la déesse Guanyin, assise sur une rocaille percée, produite à Dehua, comportant une marque du potier et sculpteur du XVIIe siècle He Chaozong (réputé pour ses œuvres du panthéon bouddhiste), mais datée du XVIIIe siècle, d’une hauteur de 35,6 cm, a été facturée 269.000 dollars, quand 6.000/8.000 dollars en étaient attendus.

À l’heure d’un affinement des spécialités sur le marché de l’art, le taux d’invendus relativement élevé – 29,6 % du catalogue – trouve probablement une partie de son explication dans la présence de certains lots ou estimations qui cassaient l’homogénéité d’un ensemble globalement de très belle qualité. Il s’agit notamment de quelques pièces d’origine japonaise, mais aussi de deux huiles sur toile « occidentalisée » du XIXe siècle – qui n’ont pas trouvé preneur -, assez exceptionnelles, mais assorties d’estimations élevées pour le genre (250.000/300.000 et 200.000/300.000 dollars).

Sur 113 lots ravalés, les estimations de 101 d’entre eux sont toutefois inférieures à 40.001 dollars, quand celle du lot le plus cher est de 300.000/500.000 dollars (une sculpture d’un buffle d’eau en jade gris panaché, datée du XVIIe siècle).

Avant cette vacation, dont le produit est de quelque 14,5 millions de dollars, la dispersion de huit céramiques chinoises d’époque Song (960 -1279), issues de la collection du marchand japonais Sakamoto Gorō, a rencontré une déconvenue majeure à travers l’échec de la vente des deux lots les plus importants, estimés 2,5/3 millions de dollars pièce.

Il s’agit d’un très inhabituel pot surnommé « vortex », en raison de motifs d’enroulements abstraits peints sur glaçure noire, quand l’époque était aux représentations naturalistes, d’une hauteur de 20,5 cm, et d’un vase qinbai (bleu-vert) de forme meiping, à décor gravé sous couverte de jeunes garçons et d’enroulements floraux, plus précisément daté de la dynastie des Song du Sud (1127-1279), d’une hauteur de 28,6 cm.

De la même réunion, un bol  à glaçure ivoire du four Ding, daté de l’époque des Song du Nord (960-1126), lobé en forme de lotus, gravé sous couverte du même sujet (avec des feuilles) répété, le bord cerclé de métal (une méthode de cuisson à l’envers était utilisée dans ce four, cet habillage masque la zone de contact ne pouvant pas être émaillée), d’un diamètre de 21,5 cm, a été payé 1,26 million, pour une estimation de 400.000/500.000 dollars.

En avril dernier, à Hong Kong, Sotheby’s a vendu aux enchères un bassin du four Ding issu de la même collection Sakamoto Gorō, d’un diamètre de 22,5 cm, pour 19 millions de dollars américains. Cette céramique exceptionnelle faisait l’objet d’un catalogue unique. Le collectionneur japonais l’avait payée 49.000 livres en 1971, lors d’une vente aux enchères proposée par Sotheby’s à Londres. Elle provenait alors de la prestigieuse collection d’Alfred et d’Ivy Clark.

Pierrick Moritz



Catégories :Art chinois, Chine, Marché de l'art, New York City

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