Le Portrait de Monsieur Huet, réalisé par Daguerre en 1837, deux ans avant la révélation de son procédé à la Chambre des députés, le premier portrait photographique du monde, figurera en début de programme de la dispersion d’une exceptionnelle collection privée de quelque 1.500 photographies par Pierre Bergé et Associés le 19 mars à Paris.
Commencée il y a 35 ans, il s’agit de la plus importante collection privée vendue aux enchères depuis plus de 10 ans en Europe.
L’ensemble, composé uniquement d’épreuves contemporaines de la prise de vue, avec une volonté de de distinguer des pièces non restaurées, participe à la réorganisation de l’histoire et de la photographie et de ses hiérarchies. On y repère un intérêt prononcé pour l’archéologie du médium, une analyse des techniques employées, de la forme, du cadrage, et du choix du traitement des sujets.
Il réunit près de 140 signatures de photographes des XIXe et XXe siècles, et couvre une période allant de 1837 – deux ans avant la divulgation du procédé de Daguerre en 1839, année considérée comme celle de l’invention de la photographie – à nos jours.
Jacques-Louis-Mandé Daguerre (Cormeilles-en-Parisis 1787-Bry-sur-Marne 1851) : Huet 1837, daguerréotype, 1837, premier portrait photographique du monde, mis en vente par l’étude Pierre Bergé & Associés, le 19 mars à Paris. Estimation : 600.000 / 800.000 euros. Crédit : Pierre Bergé et Associés.
Une part importante de cette collection concerne l’école française primitive, organisée autour d’un portrait inédit de Gustave Le Gray (1820-1884) et de la pratique du négatif papier.
Parmi les jalons essentiels de cette histoire de la photographie, on trouve notamment deux exceptionnels portraits géants de la Comtesse de Castiglione, un ensemble important de photographies par Charles Nègre (1820-1880), des albums constitués autour de « la bande à Bonnot », et un choix particulier d’épreuves d’Eugène Atget (1857-1927), qui tendent à proposer un autre créateur que l’illustrateur connu.
Cette collection met également en avant la photographie amateur après 1850, pour une production restreinte et non diffusée, plutôt que celle des studios commerciaux établis durant le Second Empire. Il s’agit de travaux d’auteurs, tous habitués de l’atelier de Gustave Le Gray.
D’autres chapitres rattachés à la photographie du XIXe siècle concerne notamment l’archéologie, la science, l’événement saisi sur le vif, le renouvellement de l’art du portrait, la compréhension de l’altérité, à travers des pièces rares, jamais vues jusqu’à ce jour.
La photographie du XXe siècle est représentée par des pièces d’exception, comme un ensemble de vues modernistes de New York en construction autour de 1930 par Sherrill Schell (1877-1964), l’unique collage issu de la collaboration entre Antonin Artaud (1896-1948) et Eli Lotar (1905-1969), ou encore un autoportrait de Constantin Brancusi (1876-1957) et une surimpression photographique de Moï-Ver (1904-1995).
Sherril Schell (1877-1964) : The Battery From Governor’s Island n° 2, New York, vers 1930. Estimation : 6.000 / 8.000 euros. Crédit : Pierre Bergé et Associés.
Les dernières années ont vu entrer dans cette collection quelques artistes contemporains, comme Valérie Belin (née en 1964), Pierre de Fenoyl (1945-1987) ou Luigi Ghirri (1943-1992).
Une Histoire particulière de la photographie – Collection de Monsieur et Madame X, vente aux enchères de Pierre Bergé et Associés : le jeudi 19 mars à 14 heures. Exposition publique : mardi 17 mars et mercredi 18 mars, de 11 h à 18 h. À Drouot Richelieu, salles 5 et 6. Une exposition privée chez Pierre Bergé & Associés précèdera l’exposition publique ; un catalogue de référence sera édité.
Catégories :Paris, Photographie
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