L’Ullens Center for Contemporary Art, situé sur le site du 798 Art District à Pékin, propose jusqu’au 19 novembre la plus importante rétrospective jamais consacrée à l’œuvre de Zeng Fanzhi (né en 1964).
Montrant une soixantaine d’œuvres, principalement de très grands formats, cette exposition intitulée Zeng Fanzhi : Parcours couvre trente années de création de cette figure majeure de l’art chinois contemporain.
Les premières peintures à l’huile sur toile (1) de Zeng Fanzhi datent de la fin des années 1980. Alors élève au Hubei Institute of Fine Arts, il ajoute un certaine esthétique occidentale à celle du réalisme socialiste.
Au début des années 1990, époque où il émerge sur la scène artistique pékinoise, Zeng Fanzhi peint les portraits Parcours et A Man in Melancholy. La veine expressionniste (2), une constante dans l’oeuvre de l’artiste, et qui connaîtra bien des variations par la suite, est là.
L’ascension jusqu’à la reconnaissance internationale vient rapidement, grâce à ses séries où l’aliénation de l’identité prend la forme de masques, accessoires emblématiques de l’opéra chinois. Ces premières représentations anxiogènes datent de 1994.
Ses recherches se poursuivent avec des peintures de paysage monumentales, où de menaçants réseaux de branches entremêlées figurant en premier plan empêchent toute contemplation. Ces dernières années, il a combiné ces lignes mouvementées à des représentations – comme des portraits – inspirées du style de grands maîtres comme Léonard de Vinci et Albrecht Dürer.
Des peintures à l’encre sur papier, des œuvres des terribles séries Xiehe Hospital (1991-1992) et Meat (1992-1993), un portrait de Francis Bacon (2010) et un autre de Lucian Freud (2011), ainsi que des sculptures, font également partie de ce panorama montrant l’universalité de l’œuvre de Zeng Fanzhi.
Pierrick Moritz
1) La technique de l’huile sur toile, d’origine occidentale, vient d’être employée pendant des décennies dans la peinture révolutionnaire chinoise, et était utilisée encore bien avant en Chine. Cet usage remonte à la fin du XVIIIe siècle, pour une production à l’esthétique plus ou moins européenne et destinée à l’exportation.
2) Une certaine forme d’expressionisme, non considéré comme dans la chronologie occidentale, existe sans discontinuer depuis au moins la dynastie des Song (960-1279) dans la peinture chinoise (peintures de paysages, de lettrés ; contrastant avec les peintures réalistes et minutieuses des académies de cour).
Catégories :Art contemporain, Chine, Expositions
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