Artcurial – Résultats et activités 2017 : l’immobilier de grand luxe, voie supplémentaire pour le négoce de marchandises rares

Article actualisé le 20 décembre 2017, à 7 heures 16.

Le 19 décembre, le très dynamique groupe Artcurial a annoncé une recette globale de 191,1 million d’euros (225,5 millions de dollars) pour ses ventes aux enchères d’art, d’arts décoratifs, d’automobiles de collection et pour le luxe (joaillerie, horlogerie, Hermès  vintage,…) durant l’année 2017.

La donnée n’inclut pas les recettes de sa participation dans le groupe Arqana, leader des ventes aux enchères de chevaux en Europe continentale établi à Deauville (140 millions d’euros de recettes en 2016), des ventes d’art de gré à gré, de son bureau spécialisé dans le conseil et l’ingénierie culturelle, de sa librairie d’art (une des plus importantes de France) et de son restaurant.

En recul de 19 millions d’euros par rapport à 2016 pour la même activité (210,1 millions d’euros de recette en 2016, sommet notamment atteint grâce à la vente d’un Ferrari pour la somme exceptionnelle de 32,1 millions d’euros, le prix record pour une voiture vendue aux enchères), le résultat de 191 millions d’euros est à l’image d’un marché mondial où la recette globale stagne plus ou moins, tandis que les pièces exceptionnelles se vendent de plus en plus cher.

Le secteur est plus franchement que jamais porté par le haut de gamme. Le bas de gamme disparaît (il suffit de visiter un site comme eBay pour mesurer l’ampleur du phénomène : un grand nombre des objets vendus quelques centaines d’euros il y a encore deux ans ne trouvent plus preneur à ce niveau de prix). Les possibilités dans le moyen de gamme se réduisent de plus en plus.

L’activité intense des plateformes de vente en ligne ouvertes au particuliers – et depuis 1995 aux États-Unis, est largement responsable de la destruction du marché du bas de gamme. Aujourd’hui, elle achève celui des premiers prix du moyen de gamme. (1)

Une telle situation n’incite pas à s’engager aujourd’hui dans les ventes exclusivement online, où sont essentiellement échangées des marchandises de valeur faible et moyenne, et d’autant plus que le coût de traitement de telles pièces est élevé.

Pour un marché influencé aujourd’hui par l’offre, la recherche et la promotion de nouveaux venus de l’art contemporain du XXIème siècle ou d’artistes oubliés sont le plus souvent empêchées par des coûts exorbitants. Les réussites sont trop peu nombreuses pour que le marché en soit alimenté de manière significative.

L’information majeure de l’année 2017 concernant le groupe Artcurial est l’acquisition avec ses fonds propres du groupe John Taylor, réseau international spécialisé dans les services et les produits de l’immobilier de luxe (vente, location, gestion et entretien d’actifs immobiliers).

John Taylor possède quelque 6.000 biens en portefeuille, pour une valeur de près de 14 milliards d’euros. Pour 2016, le prix moyen des transactions réalisées par le groupe est de 5,5 millions d’euros.

En dehors d’un changement de dimension sensible et des gains directement liés à l’immobilier de très grand luxe que va engranger le groupe Artcurial, cette acquisition est aussi profitable pour son activité de ventes aux enchères, et au moins pour les arts décoratifs et l’art. Certains riches propriétaires de ces très belles demeures sont vendeurs de tout ou partie des biens mobiliers qu’elles abritent. Quant aux non moins riches acquéreurs, ils peuvent souhaiter les meubler avec de nouvelles pièces. Le groupe Artcurial recevra en priorité des informations concernant ces situations – ce qui n’empêchera pas les fréquentes mises en concurrence de plusieurs intermédiaires de vente par les propriétaires de biens exceptionnels.

Antoine-Jean Gros, baron Gros (1771-1835) : Bucéphale dompté par Alexandre, collection Gaston Delestre, plume et encre brune, lavis sepia, 19,8 x 28,2 cm, vendu 455.400 euros (491,832 dollars) pour une estimation de 30.000-50.000 euros (33,000-55,000 dollars) le 22 mars 2017 chez Artcurial. Préemption du musée du Louvre. Prix record pour un dessin de l’artiste vendu aux enchères. Photo : ©Artcurial.  

Pour 2017, les arts des XXe et XXIe siècles (art impressionniste et moderne, art d’après-guerre et contemporain, photographie, design, art urbain, estampes, éditions limitées, Art déco et bandes dessinées) pèsent pour 38 % dans le volumes des ventes aux enchères d’Artcurial, avec une présence marquée de collections, et notamment pour des artistes comme Auguste Rodin (3,6 millions d’euros, ou 4,11 millions de dollars, pour un Andromède en marbre blanc, prix record pour ce modèle vendu aux enchères) et Camille Claudel (1,18 million d’euros, ou 1,41 million de dollars pour un Abandon, grand modèle, vers 1886). Pour l’art impressionniste et moderne, la progression de la recette par rapport à 2016 atteint 13 %, à 23,7 millions d’euros (28 millions de dollars).

Le département Artcurial Motorcars (automobiles de collection) a produit 32 % du volume des ventes (Dino 206 P Berlinetta spéciale de 1966 vendu pour 4,39 millions d’euros, ou 4,65 millions de dollars, prix record pour un prototype vendu aux enchères, Ferrari 166 Spyder Corsa par Scaglietti de 1948 vendue 2,96 millions d’euros, ou 3,13 millions de dollars, Porsche Carrera RSR 3L de 1974 vendue 1,76 million d’euros, soit quelque 2 millions de dollars, Bugatti Type 1925 vendue 1,43 million d’euros, soit quelque 1,66 million de dollars,…).

La spécialité des maîtres anciens et du XIXe siècle a produit 14,1 million d’euros, soit une progression de 27 % par rapport à 2016 : prix record pour un dessin du Baron Gros (1771-1835) vendu aux enchères, avec 455.400 euros, ou 491,832 dollars, engagés sur un Bucéphale dompté par Alexandre – l’œuvre a été préemptée par le musée du Louvre ; 887.000 euros, ou 1,02 million de dollars, pour L’Étal du poissonnier par Frans Snyders (1579-1657), huile sur toile. Chez Artcurial, la spécialité est liée au pôle beaux-arts, jouant pour 18 % dans le volume des ventes.

Le domaine du luxe, stable par rapport à l’exercice précédent, occupe 12 % du volume des ventes. Des prix très élevés ont été enregistrés pour la joaillerie (709.600 euros, ou 816,040 dollars, pour une paire de pendants d’oreilles en platine et or gris, principalement ornés de perles fines), Hermès (104.000 euros, ou 119,600 dollars pour un grand sac Kelly, 2007, en veau Epsom bleu jean, présentant un portrait en sérigraphie de la princesse Grace de Monaco, une pièce unique offerte à la princesse Stéphanie Grimaldi) ou Rolex (244.600 euros, ou 281,290 dollars, pour une Daytona Panda, vers 1971).

Pot à pinceaux en bois, incrustation de nacre et os teinté, monture en bronze, Chine, dynastie Qing, XIXe siècle, hauteur 31,5 cm, adjugé 175.500 euros (207,090 dollars) pour une estimation de 2 000-3 000 euros, le 11 décembre 2017 chez Artcurial. Photo : ©Artcurial.

Les ventes aux enchères d’Artcurial sont adaptées aux nouvelles demandes du marché de l’art : vacations narratives et transversales de très haut niveau, sélections pointues et réduites, internationalisation des goûts. L’identité reste forte, notamment à travers les engagements de la première heure pour des spécialités réputées difficiles il y a encore une dizaine d’années, comme l’art urbain (+ 30 % de recettes en 2017, avec 4,4 millions d’euros, ou 5,2 millions de dollars) ou la bande dessinée (en 2017 : 753.000 euros, soit 798,180 dollars, et 505.000 euros, soit 595,900 dollars, pour deux dessins originaux par Hergé, un prix record à 281.000 euros, ou 332.524 dollars, pour le dessin d’un couverture de Spirou et Fantasio). Ses ventes d’automobiles de collection et de design (703.400 euros, soit 830.012 dollars; en 2017 pour un bureau par Charlotte Perriand, prix record pour une pièce de la créatrice vendue aux enchères) bénéficient d’une réputation internationale pour leur excellence. 75 % de la clientèle des ventes aux enchères d’Artcurial est étrangère ; le développement de l’entreprise à l’international est en continuelle progression.

Pierrick Moritz

(1) Voir analyse : Du vide-grenier au marché de l’art : histoire d’une « ubérisation » (Les articles conseil d’ArtWithoutSkin.com), disponible uniquement sur Amazon.

Tous les résultats sont indiqués frais inclus.



Catégories :Analyses (marché de l'art), Marché de l'art, Paris

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