Cet article est une republication
Communication du 10 avril 2021 :
Cet article est susceptible d’être actualisé à tout moment, par l’ajout de textes et/ou d’illustrations. Une notification est désormais publiée après chaque nouvel enrichissement. Si vous désirez être informé de ces améliorations, vous pouvez vous abonner au blog, ou rendre visite à cet article de temps en temps.
EXPERTISES
Le mieux est de commencer par effectuer vos recherches vous-même. Plus vous aurez d’informations et plus vous serez à même de défendre vos intérêts.
Loin devant l’Internet (1), le moyen le plus efficace pour réunir des informations fiables est de fréquenter les bibliothèques, les librairies, les musées, les expositions et les salles des ventes.
Fondations, ayants-droits et experts officiels
Si vous pensez posséder une œuvre d’un artiste célèbre, il faut passer par le stade de l’authentification, en prenant contact avec les fondations, les ayants-droits ou l’expert officiels. Ces derniers devront examiner physiquement l’œuvre en question, une opération qui peut s’avérer compliquée en cas de localisation à l’étranger. Dans ce cas, un bon niveau d’anglais est souvent indispensable.
L’exemple de la Fondation Calder
La fondation chargée d’authentifier les œuvres d’Alexander Calder, située à New York, ne fournit aucun document écrit mais un numéro de référence oral qui accompagnera l’œuvre de manière définitive. Celle-ci aura été examinée par les experts désignés, puis décrite et photographiée pour les archives et selon des règles définies. Ces experts sont parfois de passage à Paris, la fondation communique les dates éventuelles.
Comme beaucoup, cette fondation n’achète pas d’œuvres. En cas de mise en vente ailleurs, le numéro de référence attribué à l’œuvre sera cité dans le descriptif et sous la responsabilité de celui qui supporte toutes les garanties. En dehors des frais à engager sur des photographies particulières – à faire réaliser par vos propres moyens auprès d’un photographe professionnel – le service est gratuit.
Une signature est un élément d’authentification, parmi d’autres
Une signature n’est qu’un des éléments susceptibles de déterminer l’authenticité d’une œuvre. Celle-ci doit toujours être authentifiée par un expert ou les ayant-droits de l’artiste. Au cours de leurs recherches, ces spécialistes associeront l’œuvre en question à d’autres informations en leur possession, dont certaines que vous ne connaissez probablement pas.
Vous n’avez légalement pas le droit de prétendre qu’une œuvre soit de la main d’un artiste sans cette reconnaissance officielle et vous courez des risques en mettant sur le marché une œuvre non authentifiée de cette manière. Il peut s’agir d’un faux ou d’une œuvre volée, acquis en toute crédulité et/ou bonne foi par des aïeux.
Si vous vendez une œuvre authentique d’un artiste réputé non certifiée, vous serez financièrement perdant, et parfois dans une mesure que vous n’imaginez même pas.
La vente d’œuvre d’art, par n’importe quel moyen que ce se soit, que l’on soit particulier ou professionnel, oblige au paiement de taxes légales (2) : taxes sur les plus-values ou régime général d’imposition, dans certains et selon les cas, droit de suite, frais de douane pour l’exportation. La reproduction photographique d’une œuvre d’art peut soumettre au paiement d’une redevance.
Interroger les maisons de vente aux enchères
Vous pouvez obtenir des informations gratuites sur un objet, et notamment sur sa valeur potentielle, en interrogeant les maisons de vente aux enchères. Il suffit d’envoyer une photographie de l’objet en question à ces sociétés par l’intermédiaire des formulaires spécifiques disponibles sur leurs sites de l’Internet. La réponse est généralement rapide et on peut vous proposer d’intégrer l’objet dans une vacation, ce qui est bien entendu le but de ce service gracieux mais qui ne vous engage en rien.
Si vous décidez de donner suite à la proposition, l’objet devra être réellement vu par le commissaire-priseur ou ses collaborateurs pour une confirmation du descriptif et de l’estimation.
Dans le cas contraire, les informations qui vous auront été données constituent des indications et n’ont pas valeur d’expertise. Le mail de retour avec l’estimation n’est pas un certificat d’authenticité. Pour obtenir un document valable, il faut contacter un expert dans la spécialité dont relève l’objet. Il s’agit d’un service payant.
Les maisons de vente organisent des journées d’expertises gratuites pour montrer votre objet ou des photographies de pièces encombrantes. Généralement, vous pouvez vous y rendre sans rendez-vous
Si vous êtes sollicité pour inclure un objet dans une vente publique après un examen plus poussé, il est préférable de s’abstenir quand le descriptif est trop vague et s’il reste un potentiel d’investigation.
RÉSULTATS DES VENTES PUBLIQUES
Les prix tirés des résultats des maisons de ventes aux enchères et publiés sur des sites spécialisés gratuits de l’Internet sont de bons indicateurs pour estimer les œuvres et les objets d’art, mais ils doivent être interprétés avec précaution.
Le prix d’adjudication n’est pas la somme que vous toucheriez
Sauf indications ou possibilité de consulter les résultats hors frais à la charge de l’acheteur, ces prix sont très supérieurs à la somme que vous toucheriez réellement. Il faut donc soustraire ces frais payés par l’acheteur, de 12 % à 25 % des résultats indiqués pour les maisons de ventes anglo-saxonnes, de 15 à 20 % pour les autres, environ et hors taxes. Ensuite, il faut enlever la commission sur le prix d’adjudication que la maison de vente vous facturerait. Il s’agit d’un pourcentage variable selon la maison de ventes (de manière générale : 10 ou 15 % hors taxes).
Globalement, la somme qui vous reviendrait serait donc plus ou moins inférieure de 30% au résultat indiqué avec les frais vendeurs. Ensuite, il faut soustraire d’éventuels frais de publicité, il s’agit en général de l’insertion d’une photographie au catalogue (mais souvent offerte), de transport (expédier une œuvre ou un objet d’art à l’étranger coûte extrêmement cher) ainsi que les taxes légales incontournables (douanes, droit de suite, éventuellement taxe sur les plus-values…).
Le marché privé : des résultats inconnus
Les résultats obtenus dans les ventes publiques, ne représentent qu’une partie des transactions effectuées à travers le monde, les autres ayant lieu sur le marché privé (galeries, ventes de gré à gré, y compris par certaines maisons de ventes, échanges entre collectionneurs).
Transactions confidentielles
Pour cette “partie cachée” du marché de l’art, les montants des transactions sont inconnus. Un tableau dont on connaît le prix réalisé en vente publique a très bien pu être revendu très vite sur le marché privé, pour une somme supérieure ou inférieure qui constituerait le dernier résultat de référence.
Chiffres obsolètes
Les résultats de certaines transactions effectuées en vente publique il y a quelques années ne sont plus forcément le reflet du marché actuel. Ces mêmes œuvres pourraient se vendre plus cher ou moins cher aujourd’hui, et parfois avec des écarts impressionnants, ou même ne pas trouver d’amateur.
Gros prix anecdotiques et soutiens artificiels
L’œuvre d’un artiste peut bénéficier de l’actualité d’une exposition ou d’une rétrospective, ce qui peut contribuer à une augmentation du prix des œuvres vendues dans le même temps. Une vente à prix record peut s’avérer complètement anecdotique. La cote d’un artiste contemporain peut être soutenue artificiellement par des achats d’intervenants ayant des intérêts financiers avec lui.
Des œuvres vendus finalement invendues
Le plus souvent, ces sources de résultats ne tiennent pas compte des cas d’œuvres qui ne sont jamais payées. Les prix facturés dans les ventes aux enchères publiques, affichés en temps réel sur les sites des maisons de vente peuvent être répertoriés aussitôt par d’autres, alors que les délais de paiement peuvent courir sur plusieurs semaines, parfois des mois avec, au bout, quelques défaillances d’acheteurs. Si ces cas sont minoritaires, la question est de savoir lesquels sont concernés…
Un des « objets les plus chers du monde » est-il payé ?
En novembre 2010, la maison de vente britannique Bainbriges annonçait avoir vendu un vase chinois d’époque Qianlong pour la somme record de 51 millions de livres. La nouvelle avait alors fait le tour de la planète, l’objet en question étant érigé au rang d’objet d’art le plus cher du monde. Cette réputation dura jusqu’à ce que l’agence de presse Bloomberg révèle, cinq mois plus tard, que le fameux vase n’était toujours pas payé.
Défauts de paiement
Si les maisons de vente aux enchères peuvent poursuivrent les mauvais payeurs avec l’accord du vendeur, les frais qui en découlent peuvent être à la charge de ce dernier.
Le défaut de paiement peut aussi conduire à une remise en vente, à l’issue de laquelle la différence de prix sera à la charge de l’acheteur défaillant si la nouvelle adjudication est moins importante (à condition qu’il soit solvable pour payer cette différence. Dans le cas contraire, engager des poursuites judiciaires n’a le plus souvent aucun intérêt).
Prix public vite révisé en privé
Il existe des cas de transactions privées entre acheteurs après la fin d’une vente aux enchères et en dehors de cet évènement. Un enchérisseur peut tenter de racheter le lot qui lui a échappé. S’il y parvient, personne ne saura rien du montant de cette nouvelle transaction, en dehors des principaux intéressés.
Un acheteur en vente publique peut posséder des informations sur un tableau ou un artiste inconnues de l’opérateur et du vendeur. La valeur de cette œuvre, représentée à la lumière de ces nouvelles connaissances sur le marché privé, peut alors être révisée de manière spectaculaire. Là aussi, ce nouveau prix restera inconnu.
Jamais vu en vente publique….mais ailleurs
Un tableau a pu être plus ou moins boudé dans une vente aux enchères parce que le vendeur l’aura auparavant fait circuler sans succès sur le marché privé, notamment auprès des galeries et des collectionneurs Absolument inédite sur le marché, la même œuvre aurait pu se vendre à un prix bien supérieur en vente publique.
L’argument « jamais vu en vente publique » ne veut donc pas pour autant dire que le vendeur n’a pas tenté auparavant de vendre l’œuvre en question par d’autres moyens. Il n’est pas une explication absolue quand une œuvre singularisée ainsi réalise une performance en vente publique.
Titres variables
Beaucoup d’artistes ne donnaient pas de titre à leurs œuvres, il peut s’agir d’inventions de tiers dans un but purement descriptif et susceptibles de changer avec le temps. À moins d’un suivi méticuleux, la même œuvre peut très bien avoir été mise en vente avec deux titres différents dans un intervalle donné et sans que l’on en sache rien. Le titre d’un tableau peut aussi changer en cas de réattribution.
RELEVÉS DE PRIX SUR EBAY
En raison d’un cumul de facteurs aléatoires, à commencer par la météo et les périodes de vacances scolaires, les résultats des ventes terminées d’eBay doivent être considérés avec circonspection. Dans tous les cas, l’objet pris en référence doit absolument être identique au vôtre et avoir été vendu par un membre du site à la réputation irréprochable (voir ses évaluations), et avec la réserve que certains avis négatifs d’acheteurs puissent être immérités. D’autres recommandations importantes s’imposent :
L’objet de faible valeur pénalisé
L’objet de faible valeur est souvent pénalisé par des frais d’envoi qui apparaissent disproportionnés. Il ne se vend pas, ou alors à un prix très inférieur à celui auquel il pourrait l’être dans une vente “physique”.
Pas de remises en main propres
La valeur d’un objet a pu être dévaluée du fait que le vendeur ne proposait pas une remise en mains propres permettant de voir physiquement l’objet avant de le payer.
Fragilité et encombrement
Les facteurs de fragilité et d’encombrement des objets pour les expéditions font jouer les prix à la baisse.
Objets vendus à des prix très inférieurs à leur valeur
Un objet a pu se vendre très en dessous de sa valeur parce qu’il a été sous-évalué et vendu à prix fixe sous le coup de la proposition spontanée d’un acheteur. La durée de mise en vente de telles affaires est généralement très courte.
Un objet placé dans une catégorie peu pertinente se vend en général moins cher. La différence par rapport à la valeur réelle peut être très importante. Un objet présenté avec de mauvaises photos et/ou un texte bourré de fautes d’orthographe et de syntaxe se vend moins cher.
Un objet de grande valeur a pu faire naître des suspicions infondées et le prix enregistré est très inférieur à sa valeur réelle.
Pour des raisons de risques juridiques, les professionnels n’achèteront pas un objet de grande valeur à un prix ridicule à un particulier. La participation de ces professionnels aux enchères aurait pu faire monter le prix de façon plus importante.
Objets surévalués
Un objet peut avoir été vendu de manière complètement surévaluée. Une personne qui a perdu un objet auquel elle tenait est capable de payer le prix fort si elle en retrouve un autre exemplaire.
Certains prix peuvent correspondre au fait que l’enchérisseur ait fait monter les prix lui-même ou avec des connaissances inscrites sur le site, par le jeu de “pousse-enchères”.
Faux invendus et vendus
Certains vendeurs retirent prématurément leur annonce, parfois parce qu’ils ont reçu une offre intéressante ailleurs. L’objet en question est montré comme invendu dans la liste des ventes terminées. Il existe toujours un pourcentage inconnu d’objets impayés mais indiqués comme vendus. Il peut s’agir de prix très exagérés et ceci d’autant plus si les vendeurs se sont arrangés pour faire progresser les enchères de manière artificielle.
Objets identiques
Un objet identique au vôtre peut être en meilleur ou plus mauvais état. L’enchère finale en tient compte. Si plusieurs objets identiques au vôtre ont été vendus pendant la même période, la situation a fait jouer les prix à la baisse.
Avertissements rédhibitoires
Les avertissements d’un vendeur particulier comme Je ne suis pas responsable des dégâts de La Poste, Retours refusés et autres Frais d’emballage en supplément font que l’objet se vend en dessous de sa valeur, voire pas du tout, et ceci d’autant plus si ces mentions s’accumulent.
Pierrick Moritz
Pierrick Moritz 2011-2018. Cet article est protégé par dépôt d’empreinte numérique.
Catégories :Aide estimation (antiquités, art, collections), Analyses (marché de l'art), Marché de l'art
Votre commentaire