Vente Sotheby’s du 17 octobre 2008
Quelque 28 % de lots invendus, dont une des deux œuvres vedettes, l’autre laissée avec un rabais d’un million de livres : les mauvais résultats de la vente d’art contemporain organisée par Sotheby’s, hier soir, à Londres, confirment l’affaiblissement sensible de la spécialité en vente publique. Le début de la détérioration a été remarquée par une déconvenue majeure, en juillet dernier, sur la même place, lorsqu’un important tableau de Francis Bacon était ravalé.
En faisant abstraction du cas particulier des ventes Hirst du mois de septembre (prestation miraculeuse de l’Antéchrist de l’art contemporain, où des œuvres auraient été achetées par ses propres marchands, selon des informations récentes du très sérieux Art Newspaper), le marché de l’art contemporain en vente publique est à la dépréciation.
Hier soir, chez Sotheby’s, 17 lots sur les 61 présentés (deux numéros manquaient) n’ont pas trouvé preneur. Parmi eux figure un des deux tableaux vedettes de la vacation, un Jerusalem de Gerhard Richter, estimé 5/7 millions de livres.
Pour l’autre star de la vente, un Skull d’Andy Warhol assorti de la même estimation que le précédent, la maison de vente a dû consentir un rabais conséquent : l’œuvre est partie à 4,35 millions de livres avec les frais (12 %), soit une ristourne d’1 million par rapport à l’estimation basse.
Sur les 44 lots vendus, 16 ont été cédés sous leur estimation basse.
La seconde enchère la plus élevée, 2,84 millions de livres, va à un Abstraktes Bidl (Rot) de Gerhard Richter, dont l’estimation basse était de 3 millions.
Un Two Gold Mona Lisa d’Andy Warhol a été payé 956.656 livres, pour une estimation basse d’un million.
Un The Blood Of Christ de Damien Hirst a dû faire culpabiliser les acheteurs qui n’ont pas osé engager plus de 825.250 livres, pour une estimation basse d’un million.
Une œuvre non titrée de Jean-Michel Basquiat a été payée 1, 6 million de livres, pour une estimation basse de 1,5 million.
8 lots ont été payés au-dessus de leur estimation, dont un The Pink Three de John Currin, facturé 139.250 livres, pour une estimation basse de 40.000 livres, et un Healer d’El Anatsui, payé 349.250 livres, pour une estimation basse de 180.000 livres.
Un enchérisseur a engagé 634.850 livres pour Rosetta 2 de Jenny Saville, assorti d’une estimation basse de 350.000 livres.
La vente équivalente de 2007 avait rapporté 34,86 millions de livres chez le même opérateur, pour 57 lots au catalogue, contre 22 millions hier soir.
PM
Tendances en vente publique
Dans les autres spécialités du marché de l’art en vente publique, on assiste à un engouement pour des valeurs rassurantes, comme les pierres précieuses exceptionnelles, le mobilier ancien de grande qualité, face au design en perte de vitesse (depuis un moment) et, toujours, les chefs-d’œuvre des grands maîtres de la peinture ancienne et de l’art impressionniste et moderne.
Toutes spécialités confondues, les désaffections ne concernent pas les œuvres majeures, avec une propension à relever le niveau des prix pour l’exceptionnel.
Christie’s semble donc avoir plus de chances de vendre les lots phares de sa vacation d’art d’après-guerre et contemporain, programmée à Londres, le 19 octobre, tout comme Sotheby’s, pour ceux de sa vente d’art impressionniste et moderne, le 3 novembre, à New York. À moins d’une crise de liquidités, pas ressentie pour le moment dans les ventes publiques.
PM
Catégories :Art contemporain, Londres, Marché de l'art
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