Les résultats de la vente aux enchères d’art impressionniste et moderne du 4 mai chez Christie’s à New York, l’une des plus importantes de l’année, forment une séquence plutôt négative avec ceux réalisés la veille par Sotheby’s pour une vacation dans la spécialité. La recette de 156 millions USD est située sous la moyenne des estimations pré-vente et une proportion significative d’œuvres a été abandonnée sous l’estimation basse.
Christie’s attendait entre 162 et 237 millions USD sans les frais de sa prestigieuse vente d’art impressionniste et moderne new-yorkaise du 4 mai, un objectif qui, comme d’habitude, n’incluait pas les frais . L’opérateur a finalement récolté quelque 156 millions frais compris (entre 12 % et 20 % selon le niveau de prix de l’adjudication). Le 3 mai, pour une vacation dans la spécialité toute aussi importante, la recette chez Sotheby’s était également décevante, notamment du fait d’œuvres importantes mal ou non vendues.
Baisse de l’intérêt des investisseurs pour l’art moderne ?
Cette situation pourraitcorrespondre à une baisse de l’intérêt des investisseurs pour l’art impressionniste et moderne, une hypothèse renforcée par les 33 % d’invendus de la vacation d’art impressionniste et moderne du 4 mai chez Sotheby’s, une vente en journée avec des lots plus nombreux et aux estimations plus “abordables” (généralement situées sous le million de dollars), qui succède traditionnellement à la vente majeure en soirée.
Iris Mauves, une composition par Claude Monet à 15/20 millions USD invendue
Sur les 57 lots présentés dans le catalogue de Christie’s, 10 n’ont pas trouvé preneur et 11 ont été cédés sous leur estimation basse. Sur les 16 lots les plus importants, et dont l’estimation basse était au moins égale à 3 millions USD, 6 n’ont pas été vendus faute d’enchères suffisantes.
La déconvenue la plus importante concerne un tableau de Claude Monet peint vers 1914-1917, des Iris mauves peints à l’huile sur toile (200 cm x 100,3 cm), estimé 15/25 millions USD. Cette œuvre est revêtue du cachet de la signature du peintre. Une Vue de l’Estaque par Paul Cézanne, peinte vers 1882-1883 (6/8 millions), Les Enfants et les jouets, une huile sur panneau peinte par Pablo Picasso en 1901 (5,5/7,5 millions) et Après le déjeuner par Pierre Bonnard, une huile sur toile peinte vers 1920 ( 5/7 millions), font partie des lots majeurs qui n’ont pas trouvé preneur comme, encore, une Baigneuse assise par Pierre-Auguste Renoir (3,5/4,5 millions) et Nu couché III, un bronze d’Henri Matisse (3/4 millions).
Des lots vendus sous leur estimation
11 lots ont été vendus sous leur estimation basse sans les frais. Les concessions les plus nettes concernent une Nature morte à la clef réalisée par Fernand Léger en 1929, estimée 5/7 millions USD et facturée 4 millions, et un pastel sur papier par Pierre-Auguste Renoir, un portrait de Jeanne Samary exécuté vers 1879-1880 dont 2/3 millions étaient attendus (payé) 1,1 million. Une toile surréaliste peinte par Giorgio de Chirico en 1923, Ettore e Andromaca, a été payée 4,79 millions quand 5/7 millions en étaient attendus.
Henri Matisse et Maurice de Vlaminck les mieux vendus
Le tableau le mieux vendu de la vacation par rapport à son estimation est une Fenêtre ouverte par Henri Matisse, une splendide huile sur crayon sur toile – 72,7 cm x 60, 3 cm – peinte à Collioure en 1911. L’œuvre a été payée 15,76 millions USD pour une estimation de 8/12 millions de dollars. Son dernier passage en vente publique remonte à 1915. Une toile fauve peinte en 1905 par Maurice de Vlaminck, un Paysage de banlieue à l’huile sur toile – 65 cm x 81 cm, a été payée 22,48 millions sur la base d’une estimation de 18/25 millions. Homme au mouton par Pablo Picasso, une sculpture en métal découpé rehaussé de crayon noir, mesurant 54 centimètres de hauteur, une pièce unique créée à Cannes en 1901, a été payée 7,13 millions (estimée 4/6 millions).
Pas de dépassements spectaculaires des estimations pour les lots les plus importants du catalogue
Les deux lots les plus importants du catalogue ont été adjugés au niveau de leur estimation basse. Une huile sur toile Peupliers par Claude Monet, peinte en 1891, 116, 2 cm x 72.2 cm, a été payée 22,48 millions USD avec les frais (12%), sur la base d’une estimation de 20/30 millions sans les frais. Le vendeur réalise une solide plus-value. Il avait payé ce tableau 7 millions USD chez le même opérateur en novembre 2000, légèrement en dessous de l’estimation basse de l’époque.
Pour la même estimation, l’huile sur toile Les Femmes d’Alger, version L de Pablo Picasso, peinte en 1955, 130 cm x 97 cm, a été payée 21,36 millions de dollars avec les frais, c’est-à-dire que le coup de marteau final est tombé sous les 20 millions minimum attendus.
Article en rapport : https://artwithoutskin.com/2011/05/04/la-vente-dart-moderne-new-yorkaise-de-sothebys-sauvee-du-fiasco-par-des-estimations-revues-a-la-baisse
Pierrick Moritz
Sauf précisions, les estimations sont données sans les frais à la charge de l’acheteur. Sur la place de New York, ils sont de 25 % jusqu’à 50.000 dollars, 20 % au-dessus de cette dernière somme et jusqu’à 1 million de dollars, 12 % au-delà. Les résultats incluent ces frais.
Catégories :Art moderne, Marché de l'art, New York City
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