Les grandes ventes aux enchères internationales d’art traditionnel chinois sont toujours émaillées d’adjudication spectaculaires en regard d’estimations beaucoup plus modestes.
Mais la tendance à l’accroissement du volume des invendus amorcée au printemps 2011, dans une configuration où des lots figurant parmi les plus chers ne trouvent pas preneur, a été vérifiée dans les vacations de Sotheby’s et Christie’s proposées cette semaine dans le cadre de l’Asian Art Week de New York.
La surabondance de l’offre pour cette spécialité hautement spéculative explique en partie le phénomène.
Si les maisons de vente peuvent réguler leur offre, elles sont de plus en plus dépendantes de ce marché spécifique essentiellement animé par la clientèle chinoise en terme d’achats, et notamment pour les lots les plus chers.
Un ralentissement économique significatif en Chine amènerait très probablement à l’effondrement des prix dans la spécialité, excepté pour l’infime partie qui concerne des pièces impériales très exceptionnelles mais dont la majorité des sommets risquerait d’être sérieusement rabotée.
Dans le cadre de l’Asian Art Week de New York, Christie’s proposait, hier et avant-hier, une vente marathon de céramiques et d’objets d’art chinois qui regroupait pas moins de 647 lots. 182 lots n’ont pas trouvé preneur, soit un taux d’invendus de 28%.
Parmi eux, figurent les 6 objets les plus chers et pour des estimations basses comprises entre 500.000 et 2 millions de dollars. Il s’agit, pour les plus importants, d’une statue en bronze doré de la divinité Vairocana (H. 169,5 cm), datée du XVIe siècle (estimée 2/3 millions), d’une cloche rituelle en bronze nao, dynastie Zhou (H. 46,5 cm), vers les 11ème-10ème siècles avant J.-C. (800.000/1,2 million) et d’un pot à pinceau en jade blanc verdâtre sculpté en forme de tronc d’arbre (H.20,5 cm), daté de la dynastie Qing, sans autres précisions (700.000/900.000 dollars).
Les enchères les plus élevées ont été portées sur une longue table de peintre en huanghuali du XVIIème siècle, payée 1,2 million de dollars (estimée 400.000/600.000 dollars), un bronze rituel à nourriture de forme rectangulaire, vers les 12ème-11ème siècles avant J.-C, estimé 200.000/300.000 dollars, sur lequel 1,08 million ont été engagés. Une statuette en bronze partiellement doré de la divinité Tara, datée du XVIIIe siècle et marquée du sceau Qianlong, a très largement dépassé son estimation de 40.000/60.000 dollars en étant payée 842.500 dollars.
Dans la catégorie des objets d’art chinois dont les estimations ont été pulvérisées, on trouve, également et principalement, une cloche en bronze Zheng (H.25,5 cm), datée de 750-256 avant J.-C., payée 698.500 dollars sur une estimation de 60.000/80.000 dollars, un vase en jade blanc verdâtre (H. 19,8 cm) taillé à facettes et de forme “gu”, d’époque indéterminée, échangé contre 506.500 dollars quand 20.000/30.000 dollars en étaient attendus, 338.500 dollars ont été engagés sur un cabinet en huanghuali (H. 129, 8 cm), à incrustations de nacre, pierre à savon, os et verre pour un décor d’oiseaux parmi des fleurs, qui était estimé 40.000/60.000 dollars.
Malgré ces performances, le chiffre d’affaires de 31 millions de dollars reste 22 % inférieur à celui qui était attendu.
Le 22 mars, toujours dans le cadre de cette Asian Art Week, le même opérateur proposait une vente d’objets d’art chinois provenant d’une collection privée. 36 % des lots n’ont pas trouvé preneur, dont quelques-uns figurant parmi les plus chers du catalogue.
Le 31 mars, Sotheby’s ouvrira une traditionnelle série de ventes de printemps à Hong Kong, dont de très importantes consacrées aux objets et œuvres d’art chinois. En mai, ce sera le tour de Christie’s.
Pour des séquences comparables, incluant de l’art asiatique ancien et contemporain dont chinois, mais aussi des bijoux, des montres et du vin, le chiffre d’affaires réalisé par Christie’s en novembre 2011 équivalait à 385 millions de dollars américains quand il atteignait 515 millions (un record) 5 mois plus tôt, et 408 millions pour le programme de novembre 2010. En octobre 2011, la spécialité des objets d’art chinois négociés en vente publique chez Christie’s à Hong Kong confirmait les moins bonnes performances constatées depuis le printemps 2011. Sa vacation principale avait été ponctuée d’enchères très importantes, mais 43 % des lots n’avaient pas trouvé preneur.
Si Sotheby’s avait fait mieux en octobre 2011, pour une opération équivalente à celle proposée un mois plus tard par sa conccurente occidentale directe sur la place asiatique, avec un chiffre d’affaires de 412,5 millions de dollars, celui-ci était également en recul par rapport au précédent. La principale vacation d’objets d’art chinois s’était soldée par un taux d’invendus de 45 % .
Sotheby’s a annoncé un chiffre d’affaires incluant les ventes privées pour toutes les spécialités en augmentation de 40 % pour l’année 2011 sur la place de Hong Kong quand son chiffre d’affaires consolidé a progressé de 14 % pour la même période, ce qui confirme sa plus grande dépendance vis-à-vis de l’Asie, et notamment des acheteurs chinois.
Pierrick Moritz
Catégories :Art asiatique, Art chinois, Chine, Hong Kong, Marché de l'art, New York City
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