Quatre ventes d’art moderne et contemporain, respectivement proposées à New York par Sotheby’s et Christie’s, les 7, 8, 13 et 14 novembre en soirée, totalisent quelque 1 milliard de dollars de marchandise sans les frais, avec une estimation basse de quelque 940 millions et une estimation haute de quelque 1,4 milliard*.
Christie’s présentera la plus importante vente aux enchères d’art contemporain jamais montée, où une œuvre de Jeff Koons payée 2,5 millions de dollars en 2002 est au moins estimée 20 millions de dollars. 15/20 millions sont espérés pour un Marlon de Warhol échangé contre 5 millions de dollars en 2003.
L’opérateur ouvrira cette valse d’œuvres hors de prix, le 7 novembre, avec une vente d’art impressionniste et moderne. Un catalogue de 71 lots pour une estimation de quelque 214/335 millions de dollars sans les frais. L’estimation la plus importante, 30/50 millions de dollars va à des Nymphéas peints par Claude Monet en 1905 sur une toile de 88,3 x 99,5 cm. La deuxième estimation la plus importante, 20/30 millions de dollars, concerne une étude complète de Wassily Kandinsky de 1909 pour le huitième et dernier tableau d’une de ses séries d’Improvisations.
Cette vacation est aussi marquée par la présence d’une Muse de Constantin Brancusi, rare sculpture en plâtre réalisée en 1912 et de 45,7 cm de hauteur. L’œuvre est estimée 10/15 millions de dollars. Pour le même prix, on trouve une Jambe d’Alberto Giacometti, un bronze à patine brune et verte, de 218 cm de hauteur avec son socle, exemplaire 3/6 fondu en 1958 à partir d’une œuvre créée en 1947. Un total de 14 sculptures, d’une discipline de plus en plus représentée dans les grandes ventes aux enchères, figure ici. Ces œuvres sont aussi signées Picasso, Matisse, Lipchitz et Arp.
Le 8 novembre, pour une vente dans la même spécialité, initialement prévue le 5 et déplacée en raison des perturbations engendrées par le passage de l’ouragan Sandy, Sotheby’s proposera des œuvres d’art pour une estimation de quelque 171/ 260 millions de dollars. 9 œuvres de Pablo Picasso figurent au catalogue, dont 4 correspondent aux estimations les plus élevées. La star, une nature morte aux tulipes de 1932, composition où figure une sculpture de l’artiste représentant Marie-Thérèse Walter, est estimée 35/50 millions. Cette œuvre avait été payée 28,6 millions de dollars chez Christie’s, en mai 2000. Elle a changé deux fois de propriétaires depuis cette acquisition en vente publique. Une Femme à la Fenêtre, un portrait de Marie-Thérèse Walter daté de 1936, est estimée 15/20 millions. Un Plant de tomate, une huile sur toile de 1944, payé 6,8 millions de dollars par le présent vendeur chez la même Sotheby’s en 2004, vaudrait maintenant 10/15 millions. 6/8 millions sont attendus d’une Femme à la robe verte, peinte en 1956.
Le catalogue présente également deux toiles de Monet, dont un Iris, un grand format peint vers 1914-1917. Estimée 4/6 millions de dollars, l’œuvre provient initialement de la collection du fils de l’artiste.Tériade lui achète en 1947. Elle réapparaît dans une vente publique 53 ans plus tard, chez Christie’s, où elle est acquise pour 1,65 million de dollars. Elle est revendue en 2004, chez Sotheby’s, à Londres, pour 1,2 million de livres. Elle transite par une galerie londonienne, avant d’arriver dans les mains du présent vendeur.
Un Nu sur une terrasse de Tamara de Lempicka, une œuvre de 1925 de format relativement modeste (38,1 x 54,9 cm), payé 167.500 dollars par le présent vendeur, en 1999, chez Christie’s, est désormais estimé 2/3 millions.
Provenant d’une collection européenne, un dessin de Marcel Duchamp, Belle Haleine, eau de voilette, conçu avec Man Ray, à New York, en 1921, est estimé 1,25/1,75 millions de dollars. En février 2009, lors de la dispersion de la collection Saint Laurent/ Bergé, orchestrée par Christie’s à Paris, l’ensemble Belle haleine – Eau de voilette, une bouteille de parfum en verre avec étiquette et contenue dans une boîte en carton de couleur violette, réalisé par Marcel Duchamp avec le concours de Man ray, également à New York, en 1921, avait été payé 8,9 millions d’euros sur la base d’une estimation de 1/1,5 millions.
Entre 286 et 366 millions de dollars sont espérés par Sotheby’s pour les 71 lots d’un catalogue d’art d’après-guerre et contemporain dispersés aux enchères le 13 novembre. L’œuvre la plus chère, N°1 (Royal Red and Blue), est une grande toile de Mark Rothko de 1954 dont 35 à 50 millions de dollars sont attendus. Mais la vedette de la vente serait plutôt une exceptionnelle drip painting de Jackson Pollock, estimée entre 25 et 35 millions de dollars. 18/25 millions de dollars sont attendus d’un impressionnant pape de Francis Bacon, un grand format de 1954.
L’opérateur propose des œuvres de Warhol, notamment un Green Disaster (Green Disaster Twice), de 1963, à l’estimation confidentielle et au moins égale aux 15/20 millions de dollars attendus d’un Troy de 1962, figurant également au catalogue.
Christie’s attend 400 millions de dollars de sa vente d’art d’après-guerre et contemporain du 14 novembre. C’est-à-dire qu’elle vise l’estimation haute de son catalogue (quelque 381 millions de dollars sans les frais ; estimation basse à 269 millions). En valeur, il s’agit de la plus importante vente aux enchères dans la spécialité jamais montée. Si les estimations des trois plus importants lots sont confidentielles, ont peut les supposer au moins égales à la quatrième rendue publique : 20/30 millions de dollars.
Parmi ces 3 estimations les plus élevées, on trouve un Tulips de Jeff Koons, un exemplaire des sculptures monumentales en métal coloré et poli du créateur, de la trempe des Eggs, Earts ou Balloons Flowers, objetsbaroques et régressifs qui doivent déjà coûter un bras en fabrication. Selon des informations du Art Newspaper, le vendeur est la Norddeutsche Landesbank de Hanover, qui l’a payée 2,5 millions de dollars, en 2002. Ce type d’œuvres de Koons se vend plus difficilement qu’avant le début de la crise financière de septembre 2008. L’estimation, au moins 20 millions de dollars, semble quelque peu délirante. Si, en mai 2011, chez Sotheby’s, à New York, une Pink Panther en porcelaine de Koons avait été échangée contre 16,88 millions de dollars avec les frais, il s’agissait d’un prix bradé par rapport à une estimation initiale de 20/30 millions de dollars sans les frais.
Andy Warhol fait partie des autres stars de la vente, notamment avec un Statue of Liberty de 1962. L’œuvre représente la même image du monument américain multipliée. Toujours au rayon Warholet pour les œuvres les plus chères du catalogue, on trouve aussi un Marlon de 1966, réalisé à l’encre sérigraphique sur toile à partir d’une image du film L’Équipée sauvage. Le présent vendeur l’avait payé quelque 5 millions de dollars, chez Christie’s, en 2003. Il est désormais estimé 15/20 millions .
Entre autres estimations pharaoniques, au moins 20 millions de dollars, le catalogue propose un grand « sans titre » de Jean-Michel Basquiat, peint en 1981, et un autre de Franz Kline, daté de 1957.
Parmi les œuvres les plus intéressantes, un Policeman, réalisé en fil de fer en 1928 par Alexander Calder, est estimé 1,2/1,8 millions de dollars tandis que 800.000 dollars/1 million sont attendus d’un Ridge Runner de David Smith, sculpture unique de 1953.
Autour de ces quatre ventes de prestige proposées en soirée, les deux opérateurs présenteront également des vacations en journée dans les mêmes spécialités. Il s’agit de centaines de lots dont les estimations basses des plus chers tournent autour du million de dollars. Soit autant de dizaine de millions de dollars supplémentaires.
Pierrick Moritz
* Ces chiffres ont été obtenus en additionnant les estimations des catalogues ; le prix le plus important cité se substituant à l’estimation confidentielle supérieure, le cas échéant.
Catégories :Art contemporain, Art moderne, Impressionnisme, Marché de l'art, New York City
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