Giacometti vendu sous l’estimation, Modigliani et Picasso invendus : série noire chez Christie’s

Actualisé le 6 novembre 2013, à 17 heures 49

La série noire de créations majeures d’art impressionniste et moderne n’ayant pas trouvé preneur chez Christie’s s’est poursuivie le 5 novembre à New York. La veille, la dispersion de la collection du marchand d’art Jan Krugier, disparu en 2008, avait essuyé d’importantes déconvenues. Tête par Pablo Picasso, une maquette pour la sculpture en plein air du Chicago Civic Center (estimée 25-35 millions USD),  Herbstlandschaft par Wassily Kandinsky (20-25 millions), Peinture-oiseau par Joan Miró, Femme dans un rocking-chair de Picasso (8-12 millions) et Nu debout  d’Alberto Giacometti (8-12 millions) n’ont pas été vendus faute d’enchères suffisantes. L’opération était sauvée du désastre par les 28 millions engagés sur un Claude et Paloma, peint par Picasso en 1950,  et estimé 9/12 millions.

Le 5 novembre, malgré une pointe d’optimiste pour un Schwarz und Violett de Wassily Kandinsky, une grande huile sur toile peinte en 1923, estimée 4,5-7,5 millions USD, et payée 12,59 millions, des lots très importants n’ont pas trouvé preneur ou ont été vendus sous l’estimation basse. L’œuvre vedette du catalogue, un Diego en chemise écossaise d’Alberto Giacometti, une huile sur toile peinte en 1954, estimée 30-50 millions de dollars sans les frais (12 %), a reçu une dernière enchère de 29 millions, soit 1 million de dollars de moins que le minimum attendu. La facture avec les frais s’élève à 32,64 millions. Ce lot faisait l’objet d’une garantie au vendeur entièrement financée par des tiers. À travers ce contrat, impliquant des investisseurs susceptibles de gagner de l’argent, mais aussi de subir une perte, le vendeur obtient l’assurance que son bien sera vendu à un prix minimum. Cette déconvenue sur un lot aussi important est un mauvais signal pour le milieu de la finance, très actif sur le marché de l’art et contribuant notamment à la flambée des prix de ces dernières années. Pour être déjà arrivé sans porter à conséquences, ce genre d’incident doit être interprété avec une grande prudence.

De Juan gris, Guitare sur une table, une huile sur toile cubiste, peinte en janvier 1916, estimée 10-15 millions USD sans les frais, a également été abandonnée sous son estimation, avec un prix « marteau » de 8 millions, et une facture avec les frais de 9,12 millions. Les œuvres cubistes datées d’après 1914 se vendent généralement plus difficilement que celles entrant dans la période historique du mouvement, et d’autant plus quand elles sont assorties d’une estimation particulièrement élevée, comme c’était la cas ici.

Estimé 25-35 millions USD, un Monsieur Baranowski d’Amedeo Modigliani, une huile sur toile peinte en 1918, n’a pas été vendu, faute d’enchères suffisantes. Même cas de figure, et pour la même estimation, pour Le Peintre et son modèle dans un paysage de Pablo Picasso, une huile sur toile en longueur peinte en 1963. Du même Picasso, une Femme au béret orange et au col de fourrure (Marie-Thérèse), une huile sur toile peinte en 1937, estimée 8/12 millions, a été facturée 12,14 millions avec les frais (prix marteau : 10,7 millions, dans la fourchette de l’estimation) ; un Coq et panier d’osier, une huile sur panneau peinte en 1950, dont 5-7 millions de dollars étaient attendus, n’a pas trouvé preneur.

Parmi les invendus les plus importants, on trouve également Bûcherons de Natalia Goncharova, une huile sur toile peinte vers 1911 et estimée 6-8 millions USD, une Nature morte peinte à l’huile sur toile par Fernand Léger, datée de 1924 et dont 5-7 millions étaient attendus, et un Mann und Frau (Umarmung) d’Egon Schiele, une œuvre à la gouache et au crayon sur papier datée de 1917 et assortie de la même estimation que la précédente.

D’Henry Moore, une Reclining Figure, sculpture en bronze monumentale à patine brun sombre, une œuvre conçue en 1969-1970 pour une fonte vers 1970, estimée 6/8 millions USD sans les frais, a été adjugée sous son estimation basse, à 5,3 millions (payée 6,1 million avec les frais) ; Le Domaine enchanté (II) de René Magritte, une huile sur toile peinte en 1953, estimée 6-8 millions sans les frais, a été facturée au niveau de son estimation basse, à 6,88 millions.

L’Ile aux orties, une huile sur toile de Claude Monet, peinte en 1897, estimée 6/9 millions USD, a été vendue dans la fourchette de son estimation, avec une facture finale de 8,11 millions. Du même artiste, Entrée de Giverny en hiver, soleil couchant, une huile sur toile, peinte en 1885, estimée 5-8 millions sans les frais, a enregistré un prix marteau sous son estimation basse, à 4,5 millions, pour une facture de 5,2 millions ; même cas de figure pour La Maison du Douanier, effet rose, une huile sur toile de 1897 estimée 4-6 millions, facturée 4,4 millions avec les frais (prix marteau : 3,8 millions).

La Maison de Vincent à Arles (La Maison jaune) de Vincent van Gogh, un dessin au crayon et à l’encre sur une lettre adressée par le peintre à son frère Théo, d’un format de 13,4 x 20,6 cm, dont 2,5-3,5 millions USD étaient attendus, a été facturée 5,48 millions. De Marc Chagall, Le Rappel, huile et gouache sur toile, une œuvre réalisée en 1968-1971, a été facturée 4,4 millions (estimée 3-4 millions) ; 3,7 millions. ont été engagés sur Au Cirque, une huile sur toile de 1976 estimée 2,5-3,5 millions. Les Allées, Cannes, une huile sur toile peinte par Paul Signac en 1918-1920, a été échangée contre 3,7 millions, pour une estimation de 2-3 millions.

S’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, les résultats de la vacation d’art impressionniste et moderne proposée ce soir par Sotheby’s à New York est attendue au tournant par les analystes. Pour la plus importante estimation du catalogue, entre 35 et 50 millions USD sont espérés pour un exemplaire de la sculpture en bronze Grande tête mince (Grande tête de Diego) d’Alberto Giacometti. La semaine prochaine, les grandes ventes d’art d’après-guerre et contemporain des deux opérateurs entreront en scène pour un ballet d’estimations stratosphériques.

Ces vacations d’automne à New York promettaient d’être historiques ; reste à savoir dans quel sens.

Pierrick Moritz



Catégories :Art moderne, Impressionnisme, Marché de l'art, New York City

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