Avec une facture de 9,33 millions de livres frais compris (12,93 millions d’euros), La Bouche de la Vérité par Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553), une peinture à l’huile sur panneau de hêtre (111 x 100 cm), est devenue le 8 juillet à Londres chez Sotheby’s l’œuvre de l’artiste la plus chère jamais vendue aux enchères.
Ce chef-d’œuvre de la Renaissance allemande, inédit sur le marché de l’art aux enchères et provenant d’une collection privée européenne, était estimé 6/8 millions de livres sans les frais. L’acheteur est un collectionneur américain.
La composition est une variante de la légende médiévale selon laquelle la bouche de l’antique masque de marbre situé sous le porche de la basilique de Santa-Maria in Cosmedin (Rome) révèle si une femme niant l’adultère dont on la soupçonne ment. Il suffit d’introduire la main de la malheureuse dans la bouche de la sculpture et, en cas de mensonge, elle est broyée ou coupée.
Le tableau de Cranach l’Ancien illustre cette fable avec un lion de pierre où les visages des femmes, et notamment celui de l’accusée, dont les hanches sont tenaillés par un homme habillé en fou, ont l’air confiant, tandis que ceux des hommes affichent la crédulité. La femme jure qu’elle n’a jamais été touchée par d’autres hommes que son époux et l’homme lui tenant les hanches, et qui est en fait son amant déguisé.
Plus généralement dans les sociétés patriarcales, et pour des questions de survie, les femmes ont laissé vivre des croyances et des rites flattant le sentiment de supériorité des hommes, et dont ils étaient complètement dupes.
PM
Catégories :Londres, Peinture ancienne
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