Les œuvres les plus recherchées du marché de l’art impressionniste, moderne et contemporain sont très généralement qualifiées d’iconiques, car leur style singulier les rend immédiatement identifiables et donne le nom de l’artiste. Elles concernent souvent une période ou des périodes particulières dans une œuvre. Parfois en raison des prix astronomiques atteints pour ces créations emblématiques, certains collectionneurs se tournent vers des œuvres moins en vue de ces très grands noms du marché de l’art ; des achats à des prix nettement moins élevés, mais qui peuvent s’avérer très rentables, parfois à la faveur d’informations complémentaires.
Le 9 novembre, chez Christie’s à New York, 5,49 millions de dollars ont été engagés sur un Tisserand peint par Vincent van Gogh en février 1884. Cette huile sur toile marouflée sur panneau (36,8 cm x 45,2 cm), rattachée aux œuvres « sociales » peu célèbres de l’artiste, était estimée 2-3 millions de dollars. Le présent vendeur l’avait payée 2,28 millions de dollars en 2016, toujours chez Christie’s à New York, sur la base d’une estimation de 700.000 dollars – 1 million de dollars. À l’issue de la précédente transaction, en 2005 (chez Christie’s à New York), la toile, alors inédite sur le marché de l’art aux enchères, avait été présentée avec une estimation de 400.000/600.000 dollars. Elle avait été échangée contre 818.500 dollars. Avant cette première mise en vente, le tableau avait très peu changé de mains. Il est répertoriée au catalogue raisonné de l’Œuvre de Vincent van Gogh par de la Faille depuis 1928.
La composition montre un modeste artisan tisserand du Brabant au travail dans un intérieur dépouillé. L’homme fait corps avec son métier à tisser, élément parmi d’autres de l’imposante machine. Selon un commentaire de Christie’s datant de 2009, la province néerlandaise du Brabant, célèbre pour la qualité de ses textiles artisanaux, a vu sa production sinistrée par la concurrence de la fabrication industrialisée qui se développe au XIXe siècle. Poursuivant le travail manuel et rarement propriétaires de leur outil de travail, les tisserands artisanaux désormais mal rémunérés étaient contraints de vivre dans des taudis. Sensible à leur misère, Vincent van Gogh a créé plusieurs œuvres sur le thème.
Le peintre, quand il était pasteur ouvrier, s’était aussi intéressé de très près à la condition difficile des employés des mines en Belgique, prenant une part active à leurs luttes. On connaît cette période et les empreintes qu’elle a laissées chez l’artiste à travers des œuvres comme Mine de charbon dans le Borinage (1879 ; aquarelle sur papier), ou encore Femmes portant des sacs de charbon dans la neige (1882 ; craie, encre et aquarelle sur papier).
Note : les résultats incluent les frais payés par l’acheteur et calculés sur le montant de l’adjudication (prix marteau). Les estimations n’incluent pas ces frais.
Catégories :Art moderne, Impressionnisme, New York City
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