Le vase le plus cher du monde n’est pas encore payé

Les impayés dans les ventes aux enchères publiques

Le 11 avril, Bloomberg informait qu’un vase chinois d’époque Qianlong, vendu pour l’équivalent de quelque 51 millions d’euros par la maison de vente britannique Bainbridges, en novembre 2010, n’était toujours pas payé.

Dans la même dépêche, et en rappelant l’affaire des têtes en bronze de la fontaine zodiacale de l’ancien palais d’été de Pékin de la collection Saint Laurent/Bergé, 31,5 millions d’euros jamais payés par un acheteur chinois pour un motif “patriotique” (il s’agissait de saboter la vente de ces pièces patrimoniales, volées en 1860 et pour lesquelles le gouvernement chinois avait formulé une demande de restitution avant la vacation), le journaliste montre que les demandes de provisions des maisons de ventes auprès des acheteurs désirant enchérir sur des antiquités chinoises de très grande valeur deviennent plus courante.

Celles exigées par Sotheby’s pour sa dernière série de ventes à Hong Kong pourraient expliquer en partie pourquoi un certain nombre de pièces aux enchères millionnaires n’a pas trouvé preneur.

Un lot vendu aux enchères n’est jamais remis à l’acheteur avant la perception de l’intégralité du paiement, pour protéger le vendeur mais aussi pour empêcher une éventuelle revente à un prix supérieur (sans bourse délier, l’acheteur empocherait une plus-value et s’acquitterait de la somme initialement dûe ensuite).

Les cas de retard de paiement et d’impayés font partie des déconvenues du monde des ventes aux enchères publiques. En cas d’impossibilité de récupérer l’argent, une nouvelle mise en vente de l’objet est proposée (la folle enchère) au vendeur. Si l’objet se vend moins cher, la différence doit être payée par le premier acheteur. Les  poursuites engagées par les maisons de vente à l’encontre d’un acheteur défaillant, en accord avec le vendeur, peuvent être à la charge de ce dernier. Dans tous les cas, le vendeur se voit privé de son argent et de son bien le temps de recouvrir la somme en question.

Un certain nombre d’objets et d’œuvres d’art n’est finalement jamais payé dans un marché des ventes aux enchères publiques qui, sous certains aspects, demeure extrêmement opaque. Le phénomène contribue notamment au problème de fiablilité des répertoires de cotes où les montants des adjucations sont rapidement inscrits. Certaines œuvres, notamment en peinture, affichent des références qui ne correspondent à rien puisque, des mois après la vente, la facture n’est toujours pas honorée, et ne le sera peut-être jamais.

Pierrick Moritz



Catégories :Art asiatique, Art chinois, Chine, Hong Kong, Marché de l'art

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1 réponse

  1. Selon une information du Mail Online du 16 janvier 2013, au terme de ce litige, ce vase a finalement été vendu par l’intermédiaire de la maison de vente Bonhams. Le montant de cette transaction privée pourrait être compris entre 20 et 25 millions de livres. Voir : http://www.dailymail.co.uk/news/article-2263411/20m-Chinese-vase-finally-paid-solicitor-half-50m-went-auction.html

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