L’importante vente d’art contemporain du 10 mai chez Sotheby’s à New York a rapporté 128 millions USD avec les frais, quand l’opérateur tablait sur 121/174,5 millions sans ces frais. Comme lors sa vacation d’art impressionniste et moderne de la semaine dernière, la recette est sauvée du marasme par des concessions plus ou moins importantes sur les estimations. L’un des deux lots vedettes du catalogue, une Pink Panther de Jeff Koons, initialement affichée à 20/30 millions sans les frais, a été facturée 16,88 millions avec les frais.
Si les ventes aux enchères d’art impressionniste, moderne et contemporain new-yorkaises programmées depuis la semaine dernière chez Sotheby’s et Christie’s sont censées donner le pouls du marché de l’art occidental, on peut dire que la chute de tension est sévère, et ceci malgré les bons résultats de la dispersion d’œuvres de la collection Allan Stone, le 9 mai chez Sotheby’s. Pour leur vacation d’art impressionniste et moderne en soirée, les deux opérateurs ont enregistré des recettes inférieures aux objectifs. Le niveau de certaines estimations a été revu à la baisse, notamment pour les œuvres les plus importantes. Le bilan de cette vente d’art contemporain chez Sotheby’s s’inscrit dans cette tendance. Quatre des neuf lots invendus – sur 58 présentés – figurent parmi les plus chers du catalogue.
Coup de blues sur la Pink Panther de Jeff Koons
Pink Panther, une sculpture en porcelaine de Jeff Koons, représentant une femme blonde torse nu, et qui tient dans ses bras une panthère rose en peluche sur le modèle de celle du film de Blake Edwards, assortie de l’estimation délirante de 20/30 millions de dollars sans les frais (12%), a été laissée à 16,88 millions.
S’il s’agit d’un prix encore extrêmement élevé et toujours très supérieur à ceux qu’obtenaient ce type d’œuvres de Koons dans les années 1990, cette élasticité des prix n’a vraiment pas de quoi rassurer les investisseurs. Un exemplaire de ce multiple de 3 + 1 épreuve d’artiste présentée ici faisait partie de l’encombrante exposition Jeff Koons proposée au château de Versailles en 2008.
Globalement, la cote de Koons est en baisse. 25,8 millions de dollars, prix record pour une œuvre de l’artiste en vente publique, ont été payés en 2008 pour l’un de ses ballons noués aux reflets mercurisés et dans une version magenta. L’année dernière, un autre exemplaire de ce multiple, mais en bleu, a été payé “seulement” 16,9 millions de dollars ; l’une de ses œuvres les plus chères, un mille-pattes gonflable encastré dans un escabeau, estimé 5,5/7,5 millions, n’avait pas trouvé preneur.
Un important Warhol vendu sous son estimation basse
Assorti de la même estimation que la Pink Panther de Koons (les deux œuvres les plus chères du catalogue), un Sixteen Jackies, acrylique et encre sérigraphique sur toile en 16 panneaux (dimensions totales : 203,2 cm x 162,6 cm), une œuvre réalisée en 1964 et jamais vue en vente publique, a été payée 20,24 millions de dollars avec les frais (12 %) sur une estimation de 20/30 millions sans ces frais. Le tableau aurait dû être payé quelque 22,4 millions pour respecter l’estimation basse.
Presque 500.000 dollars de rabais sur la troisième œuvre la plus importante du catalogue
La troisième œuvre la plus importante du catalogue en valeur, une Concetto Spaziale de Lucio Fontana, peinture à l’eau sur toile (97,2 x 130,2 cm,) réalisée en 1965 et jamais vue en vente publique, a été payée 6,24 millions de dollars avec les frais (12%) sur une estimation de 6/8 millions sans les frais. C’est-à-dire un rabais de presque 500.000 dollars consenti sur l’estimation basse.
….et 200.000 dollars sur la quatrième œuvre la plus importante du catalogue
Untitled VII de Willem de Kooning, une huile sur toile de 1986 (195,6 x 223,5 cm), jamais vue en vente publique, a été payée 4,28 millions de dollars avec les frais (12 %) sur une estimation de 4/6 millions sans les frais. Ici, la réduction par rapport à l’estimation basse est de quelque 200.000 dollars.
La cinquième œuvre la plus importantes du catalogue invendue
Honey…I twisted through more damned traffic for get there par Ed Rusha, inscription à l’huile sur toile (192,9 x 182,9 cm) réalisée en 1984, estimée de 3,5/4,5 millions de dollars, n’a pas trouvé preneur. Le présent vendeur l’avait payée 107.000 dollars en 1998, chez Christie’s, lors d’une vente à Los Angeles.
D’autres œuvres millionnaires invendues
Un Great American Nude # 37 de Tom Wesselman (estimé 2,5/3,5 millions de dollars) et un Journey d’Agnès Martin (3/4 millions) n’ont pas trouvé preneur. Un Round Jackie d’Andy Warhol réalisé en 1964 (diamètre de 45,1 cm), estimé 3/4 millions, a connu le même sort. Du même artiste, un autre portrait tout aussi rond de la First Lady, dans la même séquence, du même format, de la même année et pour la même estimation que le précédent, mais pour une prise de vue différente, a été payé 3,72 millions.
Une œuvre de Jean-Michel Basquiat achetée 643.750 dollars en 2000, revendue 5,9 millions
Eroica !, une grande œuvre sur papier marouflé sur toile de Jean-Michel Basquiat (230,8 x 225,4 cm) réalisée en 1988 et estimée 3,5/4,5 millions de dollars, a été payée 5,9 millions. Cette œuvre avait été acquise pour 643.750 dollars par le présent vendeur en mai 2000, chez Sotheby’s, à New York.
Toujours du côté des vendeurs heureux, une sérigraphie abstraite d’Andy Warhol, un Shadow Red de 1978 (193,4 x 132 cm), a été payée 4,84 millions de dollars quand elle était estimée 700.000/900.000 dollars.
Un grand mobile d’Alexander Calder, daté de 1960, a été payé 3,38 millions de dollars sur une estimation de 2/3 millions.
2,43 millions de dollars ont été engagés sur The Winged Figure, un bronze de Louise Bourgeois daté de 1993, estimé 1/1,5 million.
Pierrick Moritz
Sauf précisions, les estimations sont données sans les frais à la charge de l’acheteur. Sur la place de New York, ils sont de 25 % jusqu’à 50.000 dollars, 20 % au-dessus de cette dernière somme et jusqu’à 1 million de dollars, 12 % au-delà. Les résultats incluent ces frais.
Catégories :Art contemporain, Marché de l'art, New York City
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