Christie’s présentait un catalogue très commercial pour sa vente d’art contemporain du 14 octobre en soirée. Le chiffre d’affaires de 38 millions de livres est remarquable dans un marché de l’art plus sensiblement mis à mal par les conséquences de la crise financière. Dans ce contexte, et pour l’une des spécialités les plus sujettes à des manœuvres spéculatives, il peut également étonner.
Alors que les signaux négatifs sur le marché de l’art sont devenus plus sensibles ces dernières semaines, les 5 œuvres de Damien Hirst présentées dans la vente d’art contemporain en soirée du 14 octobre chez Christie’s Londres ont toutes été vendues. Une installation de Martin Kippenberger estimée 250.000/350.000 livres a finalement été payée 1,32 million de livres et un tiers de confiance a eu la drôle d’idée de s’engager sur l’une des sempiternelles nurses de Richard Prince qui, avec une estimation de 2,1/3 millions de livres, n’a pas trouvé preneur.
Deux stratégies différentes
La vacation de Christie’s a rapporté 38 millions de livres, soit 20 de plus que celle de Sotheby’s la veille pour la même spécialité. Ce dernier opérateur semble avoir assuré un “service minimum” pour sa traditionnelle vente d’art contemporain londoniennes d’octobre, misant plutôt sur une vacation d’art contemporain italien de grande qualité.
10,45 millions de livres pour une “bougie” de Richter
Le lot vedette du catalogue de Christie’s, une emblématique et ultra-commerciale “bougie” de Gerhard Richter estimée 6/9 millions de livres est partie à 10,45 millions avec les frais. Du même artiste, une seconde œuvre, abstraite, a été payée 3,62 millions.
Prix stratosphérique pour un Angel of the North d’Antony Gormley
Angel of the North, une maquette monumentale d’Antony Gormley datée de 1996, et qui peut évoquer les premières machine à voler, a été propulsée jusqu’à 3,4 millions de livres sur une estimation de 1,5/2 millions de livres. Pour ce prix stratosphérique, l’œuvre n’est même pas unique. L’escadron compte 5 exemplaires dont celui-ci.
Estimations décuplées pour Martin Kippenberger et son installation électrique
L’estimation de 250.000/350.000 livres liée à une installation de Martin Kippenberger de 1990, soit un interminable fil rouge surgissant du sol et naviguant à travers un mur pour rejoindre une lampe, s’est finalement transformée en un prix de 1,32 million de livres payé par l’acheteur.
Miracle pour l’antéchrist de l’art contemporain
Pas moins de 5 œuvres de Damien Hirst figuraient au catalogue de la vacation. Résultat : toutes vendues, et à commencer par une tête de taureau écorchée baignant dans un genre d’aquarium et baptisée Judas Iscariot (The Twelve Disciples). Le miracle à 993.250 livres quand l’étiquette indiquait 500.000/700.000 livres va probalement dynamiser la cote de l’antéchrist de l’art contemporain, tout comme la donation par la Merla Art Foundation, le mois dernier, de certaines de ses œuvres à l’Arken Museum de Copenhague.
Toutefois, Midas and the Infinite, une grande huile sur toile avec de vrais papillons dessus (pour changer) a été payée 601.250 livres avec les frais. Si le vendeur avait réglé une facture de 825.000 livres pour l’acquérir, lors de la fameuse vente Beautiful Inside My Head Forever chez Sotheby’s Londres du 15 septembre 2008, il n’en demeure pas moins que la somme nouvellement engagée représente une petite fortune.
Le tiers de confiance d’une Nurse de Richard Prince va passer à la caisse
Dommage pour le tiers de confiance complètement engagé sur l’une des sempiternelles nurses de Richard Prince (impression jet d’encre, et avec de l’acrylique pour montrer qu’on s’est un peu fatigué). Elle n’a pas trouvé preneur avec une estimation de 2,1/3 millions de livres. Un prix minimum avait été garanti au vendeur par ce tiers engagé sur les bénéfices comme sur les pertes (pour le coup, c’est une belle perte).
Une autre création de Richard Prince, un tirage couleur monumental et unique de 1999 représentant un cow-boy, a été laissée sous son estimation basse d’un million de livres sans les frais (12 %) à 993.250 livres avec les frais.
Deux invendus à 400.000/600.000 livres
Les deux invendus les plus importants sont une très grande technique mixte d’Antoni Tàpies, créée en 1987 et intitulée Matèria de les sabates, et une Still Life # 23 de Tom Wesselmann, huile, tissu et papiers collés sur Masonite, datée de 1962. Chacun était estimé 400.000/600.000 livres.
Le caractère italien résiste
Comme sa concurrente Sotheby’s, la veille, Christie’s proposait une vente d’art contemporain italien avant cette vacation. Elle a généré 17,55 millions de livres contre 21,47 millions pour la vente équivalente de Sotheby’s.
Si 14 lots sur les 47 inscrit au catalogue n’ont pas trouvé preneur, un Busto femminile di dorso, acrylique et sable sur toile de Domenico Gnoli de 1965, a été payé 2,33 millions de livres sur une estimation de 500.000/800.000 livres.
Une Pellicia du même artiste, une œuvre toujours de 1965, mêmes matériaux et support que la précédente, a été payée 881.250 livres (estimée 250.000/350.000 livres).
3,28 millions de livres ont été engagés sur un achrome de Piero Manzoni réalisé en 1958-1959. L’œuvre était estimée 2,2/2,8 millions de livres.
Toujours pour les prix les plus élevés de la vacation, un Tutto d’Alighiero e Boetti, une broderie sur lin réalisée au Pakistan en 1988, a été payé 1,32 million de livres sur une estimation de 1,2/1,8 million.
Deux Concetto spaziale de Lucio Fontana sont les invendus les plus chers de la vacation. Chacun était estimé 1,6 /2 millions et 1/1,5 million de livres.
Pierrick Moritz
Les Ventes d’art contemporain en journée des 14 et 15 octobre chez Sotheby’s et Christie’s Londres
Les ventes d’art contemporain en journée qui, traditionnellement, succèdent à celles du soir, ont rapporté 6,73 millions de livres à Sotheby’s et 9,41 millions de livres à Christie’s. Il s’agit de volumes beaucoup plus importants et d’œuvres globalement moins chères que ceux proposés dans les ventes de la veille en soirée.
6,73 millions de livres et 27 % d’invendus chez Sotheby’s
Le 14 octobre, Sotheby’s a enregistré un chiffre d’affaires de 6,73 millions de livres en vendant 234 lots sur les 284 lots présentés.
Les enchères les plus importantes sont allées à un autoportrait de Leon Kossof (payé 397.250 livres sur une estimation de 80.000/120.000 livres) et à une sculpture de contorsionniste nue par Marc Quinn, pièce unique de 2006 (vendue 229.250 livres avec les frais de 20 % sur une estimation de 220.000/280.000 livres sans ces frais, c’est-à-dire sous son estimation basse).
Une impression jet d’encre de Richard Hamilton, First Thoughts on Balzac’s, le Chef-d’œuvre inconnu, a été payée 157.250 livres quand elle était estimée….10.000/15.000 livres
Les œuvres les plus chères n’ayant pas trouvé preneur sont des créations de Lucio Fontana (250.000/350.000 livres), Neo Rauch (180.000/250.000 livres), Yan Pei Ming (même estimation) et Jean-Michel Basquiat (120.000/180.000 livres).
9,41 millions de livres et 29 % d’invendus chez Christie’s
Le lendemain, Christie’s vendait 152 lots d’un catalogue qui en proposait 214.
Les enchères les plus importantes sont allées à une installation “au clown” d’Ugo Tondinone (505.250 livres pour une estimation de 250.000/350.000 livres), un Mask Series N°26 de Zeng Fanzhi (337.250 livres pour une estimation de 100.000/150.000 livres) et à un grand LOVE de Robert Indiana en aluminium polychrome vert et bleu, une création de 1966 pour un tirage à six exemplaires de 2000 (vendu 397.250 livres avec les frais de 20%, soit sous son estimation basse de 350.000 livres sans ces frais).
Les invendus les plus importants sont des œuvres de Miquel Barceló (300.000/400.000 et 150.000/200.000 livres) et Raqib Shaw (150.000/200.000 livres).
PM
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Catégories :Art contemporain, Londres, Marché de l'art
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