Jamais une vente aux enchères d’art contemporain n’aura rapporté autant d’argent. La vacation dans la spécialité proposée hier soir, chez Christie’s, à New York, a généré 412 millions de dollars avec les frais, soit 93 % de la valeur du catalogue. Six lots sur 73 présentés, facturés plus de 20 millions pièce, produisent quelque 53 % du chiffre d’affaires.
La vente est notamment caractérisée par des plus-values faramineuses sur des valeurs spéculatives du marché de l’art contemporain. Un Marlon d’Andy Warhol, réalisé à l’encre sérigraphique sur toile en 1966, payé 5 millions de dollars par le vendeur, en 2003, est facturé 23,7 millions. Un Tulips de Jeff Koons, sculpture monumentale réalisée en 1995-2004, un exemplaire de 5 versions uniques, est échangé contre 33,7 millions, ce qui en fait l’œuvre la plus chère de l’artiste vendue aux enchères. Selon des informations du Art Newspaper, le vendeur, la Norddeutsche Landesbank de Hanover, l’avait payée 2,5 millions de dollars, en 2002.
Le lot vedette du catalogue, une grande Statue of Liberty d’Andy Warhol, datée de 1962 et représentant une image en 3D multipliée du monument américain, est payé 43,7 millions de dollars. Il s’agit d’un des prix les plus importants pour une œuvre de l’artiste vendue aux enchères.
Du côté de l’expressionnisme abstrait, une très grande composition de Franz Kline, datée de 1957, est facturée 40,4 millions de dollars pour une estimation de 20/30 millions. Il s’agit d’un record pour une œuvre de l’artiste négociée en vente publique.
Autre prix record en vente publique pour Jean-Michel Basquiat, à travers une grande toile non titrée, peinte en 1981, facturée 26,4 millions de dollars. L’estimation était confidentielle. 28 millions sont engagés sur un Nude with Red Shirt de Roy Lichtenstein, une toile de 1995 dont 12/18 millions étaient attendus.
Pour des prix moins élevés mais toujours conséquents, de nombreuses autres œuvres sont vendues au-delà des estimations.
Trois des six lots invendus, d’un catalogue qui en comptait 74, présentent des estimations très élevées. Il s’agit de deux toiles de Gerhard Richter (est. 10/15 et 9/12 millions de dollars) et d’une œuvre de Robert Rauschenberg dont 7/10 millions étaient attendus.
Avec son opération équivalente, la veille, toujours sur la place de New York, Sotheby’s a récolté 375 millions de dollars, son plus important chiffre d’affaires pour une vente dans la spécialité.
Devant pareille fortune, alimentée par des prix parfois complètement surréalistes, au sein d’un marché très opaque où reviennent les mêmes sempiternelles questions – Qui achète ? ; Les œuvres sont-elles toujours payées ?, à l’aune d’un climat économique anxiogène, où beaucoup de marchands et collectionneurs sont dans l’attentisme, soit les très riches ont tellement d’argent qu’ils ne savent plus quoi en faire, soit le marché de l’art contemporain est en surchauffe.
Sur deux semaines, quatre ventes d’art impressionniste et moderne et d’art contemporain en soirée, dont celle-ci, proposées par Sotheby’s et Christie’s, à New York, ont généré la somme astronomique de quelque 1,15 milliard de dollars (538 millions pour le premier opérateur ; 616,8 millions pour le second). L’art impressionniste et moderne a rapporté 367,8 millions ; l’art contemporain 787 millions.
Autour de ces vacations, d’autres, dans les mêmes spécialités et moins importantes en valeur, étaient également proposées en journée par les deux maisons de vente.
Pierrick Moritz
Catégories :Art contemporain, Marché de l'art
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