Quelque 101 millions de dollars engagés sur Le Chariot, une sculpture en bronze d’Alberto Giacometti, 70,7 millions payés pour une tête en pierre sculptée d’Amedeo Modigliani et 61,7 millions pour Nature morte, Vase aux marguerites et coquelicots, une huile sur toile de Vincent van Gogh : les trois lots les plus importants de la dispersion aux enchères de 73 œuvres d’art impressionniste et moderne proposée par Sotheby’s le 4 novembre à New York on généré la moitié d’une recette de 422 millions de dollars. Ce montant constitue un record historique pour une vente aux enchères de Sotheby’s. La vacation équivalente de 2013 avait rapporté quelque 290 millions.
Cette vente enregistre le deuxième prix le plus important pour une œuvre de Giacometti vendue aux enchères, derrière les 104,3 millions de dollars engagés en 2010 chez Sotheby’s sur un exemplaire de la sculpture en bronze L’Homme qui marche I, et un record mondial pour une œuvre de Modigliani vendue aux enchères, devant La Belle Romaine (Nu assis sur un divan), une huile sur toile de 1917, payée quelque 69 millions de dollars en 2010, toujours chez Sotheby’s.
Payée 61,77 millions dollars, Nature morte, Vase aux marguerites et coquelicots de van Gogh n’avait pas trouvé preneur lors de son précédent passage en vente publique, en 1990 chez Christie’s. les enchères s’étaient arrêtées à quelque 9 millions de dollars, quand 12/16 millions étaient attendus. Le tableau portait alors le titre de Vase with Cornflowers and Poppies – Vase aux bleuets et coquelicots*. Le prix record pour une œuvre de Vincent van Gogh vendue aux enchères concerne Le Portrait du docteur Gachet, payée quelque 82,5 millions de dollars en 1990, chez Christie’s à New York.
Le Chariot d’Alberto Giacometti, une sculpture haute de 144,7 centimètres, facturée quelque 101 millions de dollars, représente une déesse dressée sur un char antique à deux roues. Perçue comme une icône de l’existentialisme et un symbole d’espoir après la seconde Guerre mondiale, l’œuvre a été créée en 1950, pour une fonte en 1951-1952, avec un tirage à six exemplaires. Celui présenté par Sotheby’s est singularisé par une patine à l’or, et une surface finement peinte par endroits – le seul avec cette dernière caractéristique sur les deux encore en mains privées.
Giacometti a dit qu’il créait ses sculptures à partir de la vision des œuvres achevées. Dénuées d’artifices, elles sont souvent singularisées par de petites têtes et des corps filiformes. Devant elles, on ressent l’apparition et la disparition ; la métamorphose ; le mouvement.
Amateur de poésies et de la Grèce archaïque, Giacometti a travaillé toute sa vie dans un minuscule atelier du XIVe arrondissement de Paris, même quand il eut les moyens de s’installer dans un lieu plus confortable. Dans Les Maîtres de l’art contemporain (Arthaud, 1961), Alexander Liberman évoque la lumière grise particulière de l’atelier de Giacometti, dont les tonalités reviennent souvent dans sa peinture. Travailleur forcené, perpétuellement insatisfait et d’une grande modestie, l’artiste est aussi qualifié de « possédé » par le reporter.
Les 70,7 millions engagés sur une tête sculptée d’Amedeo Modigliani, réalisée en 1911-1912, constitue désormais le prix le plus important pour une création de l’artiste vendue aux enchères. L’œuvre fait partie d’une série d’une vingtaine de sculptures directement taillées dans des blocs de pierre récupérés dans les chantiers de construction autour de Paris – que l’artiste charriait dans une brouette jusqu’au studio de Montparnasse qu’il partageait avec Constantin Brancusi.
Cette Tête, d’une hauteur de 73 centimètres, était présentée comme la plus grande de Modigliani encore en mains privées dans le catalogue de Sotheby’s – la majorité figurant dans des grands musées. En juin 2010, une autre Tête de Modigliani, également sculptée dans une pierre calcaire et datée de 1910-1912, d’une hauteur de 67 centimètres, provenant de la collection Gaston Levy, avait été facturée quelque 43 millions d’euros (52,6 millions de dollars de l’époque) chez Christie’s à Paris. Cette dernière œuvre avait été estimée 4/6 millions.
Les 4ème et 5ème prix les plus importants de la vacation concernent des huiles sur toile de Claude Monet. 33,7 millions de dollars ont été engagés sur Alice Hoschedé au jardin, une œuvre datée de 1881 (estimée 25/35 millions). Sous les peupliers, datée de 1887, a été payée 20,3 millions (estimée 12/18 millions).
15 œuvres n’ont pas trouvé preneur, dont 9 estimée au moins 1 million de dollars – où 3 étaient estimées au moins 3 millions de dollars. La déconvenue majeure concerne Les Enfants de Pablo Picasso, une grande huile sur toile, peinte à Cannes en 1956 (estimée 5/7 millions).
L’estimation de 6/9 millions de dollars de Personnage gothique, oiseau éclair, une sculpture en bronze monumentale de Joan Miró, provenant de l’Irma and Norman Braman Art Foundation, à Miami, n’a pas convaincu ; cette œuvre de 1976 a été abandonnée à 4,6 millions.
45 œuvres ont été vendues au moins 1 million de dollars, dont 12 au moins 5 millions de dollars, comme Homme assis de Pablo Picasso, une huile sur toile datée de 1969, payée 11,3 millions (estimée 8/12 millions).
Pierrick Moritz
*Quand un artiste disparu n’a pas donné de titre officiel à une œuvre, l’intitulé peut changer au gré des appréciations (ce bouquet dans un vase de van Gogh comporte des coquelicots, des bleuets et des marguerites) ou avec la découverte de nouvelles informations. Dans cette même vente de Sotheby’s, Les Mas, environs d’Arles de Paul Gauguin, une huile sur toile peinte en 1888, était titrée Paysage d’Arles avec buissons lors de son dernier passage en vente publique, chez Christie’s en 1991. L’œuvre avait été acquise par le présent vendeur pour 1,98 millions de livres (2,9 millions de dollars de l’époque). Elle a été revendue 5,4 millions de dollars (estimation 4/6 millions).
Catégories :Art moderne, Impressionnisme, Marché de l'art, New York City
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