Le Printemps d’Édouard Manet, une huile sur toile datée de 1881, a été payé quelque 65 millions de dollars lors d’une vente aux enchères d’art impressionniste et moderne proposée par Christie’s le 5 octobre à New York. Il s’agit du prix le plus élevé jamais enregistré pour une œuvre de l’artiste vendue aux enchères.
Inédit sur le marché de l’art aux enchères et conservé par descendance depuis 1909, ce portrait montre la future et très jeune actrice Jeanne Demarsy comme une allégorie du printemps.
Le modèle, à la bouche pulpeuse et au regard mi-lascif mi-hautain, donc provocant, a été décrit comme bien jolie, mignonne, pimpante, effrontée, un papillon de boulevard par le journaliste et critique d’art Adolphe Tabarant. Manet présente une Jeanne Demarsy extrêmement habillée, dans une tenue fraîche, élégante et du dernier chic pour l’époque.
Le Printemps est né de l’idée d’une série de tableaux représentant les quatre saisons à travers la mode féminine, donnée à Manet par le journaliste et collectionneur Antonin Proust. Le peintre ne réalisera qu’une seule autre œuvre pour ce projet : un portrait de Méry Laurent pour un Automne.
Décrié, rejeté et rendant hystériques les ultra-conservateurs en son temps, notamment à travers les scandales d’Olympia – qui plaçait tout de même une certaine bourgeoisie devant la double vie menée par certains de ses membres – et du Déjeuner sur l’herbe – nu dans un pique-nique en plein air et composition révolutionnaire -, Édouard Manet partage aujourd’hui le titre de « père de l’art moderne » avec Paul Cézanne.
Manet montre une extraordinaire capacité d’analyse psychologique dans ses œuvres – jeu d’un miroir dans Bar aux Folies-Bergères ; les regards portés vers des directions différentes des trois personnages du Balcon,…
Cette Jeanne Demarsy déguisée en printemps est plus déshabillée qu’elle n’y paraît au premier abord.
PM
Catégories :Art moderne, Marché de l'art, New York City
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