Avec un produit de vente de 192 millions d’euros* pour l’année 2014, en progression de plus de 8 % par rapport à l’exercice précédent et de plus de 50 % en trois ans, Artcurial gagne la seconde place dans le classement des maisons de vente aux enchères de l’hexagone, devant la britannique Christie’s et derrière l’américaine Sotheby’s. L’entreprise, dont les responsables revendiquent la bonne gestion, la profitabilité et l’autonomie financière, conserve donc son titre de première maison de vente française.
Dans un marché de l’art hyperconcurrentiel, transversal et mondialisé, la marque d’une l’entreprise y œuvrant doit être rendue forte et singulière. Celle du marchand limité à son activité première ne survivra probablement pas. L’offre se contracte, les œuvres de grande qualité sont difficiles à trouver. Les acheteurs potentiels sont bien présents, mais c’est la chasse aux vendeurs. Il n’y a plus de rente de de situation, on n’attend plus le client, on va à sa rencontre. Et pour cela, on repousse ses murs habituels. Il faut multiplier les opérations satellites à son métier, comme les activités culturelles. Et sans passion, autant mettre la clef sous la porte.
Dès 2008, Artcurial a engagé Serge Lemoine, ancien Président-directeur du musée d’Orsay, comme conseiller culturel et artistique, notamment pour assurer la programmation d’activités culturelles au sein de l’Hôtel Marcel Dassault (expositions, conférences, publications…).
Artcurial, qui n’a que 12 ans d’âge, a toujours été engagée comme acteur culturel, avec l’avantage d’un nom lié à l’image de la galerie d’art Artcurial, créée en 1970 et rachetée en 2002 pour devenir une maison de vente aux enchères. Artcurial a notamment programmé en 2014 une exposition 10 œuvre de Jean-Michel Basquiat à son adresse Bruxelloise et une autre consacrée à la sculpture Djenné dans le cadre de Parcours des Mondes à Paris. L’opérateur a prévu une exposition Nicolas de Crecy, au Japon en 2015. La localisation lointaine de cet évènement entre dans le cadre de la promotion et de l’expansion internationale de l’opérateur, qui prévoit l’ouverture de nouveaux bureaux en Europe en 2015. Cette année, un bureau Artcurial a été ouvert à Vienne ; les œuvres majeures des grandes ventes ont été exposées à New York.
Il s’agit aussi de responsabilités dans un contexte social et économique tendu, où le marché de l’art et ses millions étalés sans discernement en prennent pour leur grade. Il faut donner de soi, prendre des risques, s’intéresser à la jeune création, aux autres. En novembre, grâce à la générosité de créateurs et de collectionneurs, Artcurial a pu mettre en vente 44 œuvres de bande dessinées et d’illustrations au profit de l’association AIDES. Tout a été vendu, et bien. Une encre de Chine de Frederik Peeters pour la couverture de Pilules Bleues a été payée 12.640 euros ; un dessin original d’Enki Bilal, crayon gras sur papier teinté, avec rehauts de pastel, a été échangé contre 4.800 euros. Aucun frais n’a été prélevé.
Artcurial encourage également l’art urbain, un terrain pourtant difficile, abandonné par beaucoup car les prix demeurent très raisonnables pour l’essentiel. Dans ces ventes aux enchères de Street Art, certains créateurs sont de jeunes trentenaires peu connus.
Il faut aussi offrir plus de service à ses clients, aux acheteurs comme aux vendeurs ; une valeur ajoutée bien présente chez Artcurial, notamment visibles dans les scénographies imaginées pour les expositions publiques, ou dans le soin apporté à la conception de catalogues très documentés et rédigés par des spécialistes – et dont les versions papier sont toujours aussi demandées.
La maison de vente a su également porter et diffuser avant les autres un regard neuf sur certaines spécialités, comme celle des véhicules de collection, dont elle le leader pour les ventes aux enchères en Europe continentale. L’objectif étant de faire reconnaître des véhicules d’exception comme des œuvres de designers – ce qui est bien le cas – ; des sculptures dignes d’être exposées chez soi. Le 6 février 2015, l’opérateur mettra en vente la désormais célèbre collection d’automobiles de Roger Baillon : 60 véhicules de grandes marques, datés des débuts de l’automobile aux années 1970, qui seront livrés aux enchères dans un état « sortie de grange ». Mise en ligne sur YouTube le 5 décembre par Artcurial, la vidéo Découverte d’un trésor automobile – collection Roger Baillon comptabilise plus de 1,4 million de vues.
Les ventes thématiques sont l’une des spécificités d’Artcurial ; comme la bande dessinée dont elle est leader en Europe, et notamment à travers l’univers de Tintin, avec un record mondial à 2,7 millions d’euros décroché en 2014 pour une œuvre de bande dessinée vendue aux enchères. Une sélection de 20 créations de Ron Arad faisant l’objet d’un catalogue unique a été très disputée par le marché international lors d’une vacation proposée par l’opérateur le 27 octobre à Paris. Les pièces de cette réunion représentative de quelque 30 années de travail du designer – ses créations entrant également dans le champ de la sculpture – ont trouvé preneur en 35 minutes et pour 1,7 million d’euros, soit plus du double d’une estimation globale de 820.000 euros. Restless, une bibliothèque estimée 150.000/250.000 euros, a été acquise pour 373.800 euros par un collectionneur asiatique. Il s’agit d’un record mondial pour une œuvre de Ron Arad vendue aux enchères.
Artcurial est leader pour la joaillerie en France et à Monaco. L’opérateur considère la Principauté comme une place forte pour organiser des ventes liées à l’univers du luxe et de l’art de vivre (joaillerie, horlogerie et Hermès vintage). Pour sa traditionnelle semaine de vente organisée à Monaco cette année, Artcurial a enregistré un produit de vente de 14 millions d’euros, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2013.
L’image d’Artcurial est fortement liée à celle de son siège français : aucune autre maison de vente internationale ne peut revendiquer l’équivalent d’une adresse aussi prestigieuse dans n’importe quelle capitale internationale.
Pierrick Moritz
* Ce résultat, frais inclus TTC, n’inclut pas les ventes de gré à gré. Il comprend aussi les produits de vente des filiales Artcurial de Deauville, Lyon et Toulouse, ainsi que les ventes de charité.
Artcurial : quelques chiffres pour 2014
Pour les lots vendus au-delà de 50.000 euros en 2014, les acheteurs sont à 75 % étrangers.
À 9.921 euros, le montant du lot moyen a progressé de 26,5 % par rapport à 2013 ; la maison de vente a enregistré cette année 14 enchères millionnaires, contre 8 en 2013.
La maison de vente a réalisé 62 records de prix en 2014, dont 44 mondiaux.
Elle a enregistré 80 préemptions ou acquisitions par des institutions muséales.
Le montant des adjudications sur Artcurial LiveBid s’élève à 6,5 millions d’euros pour 2014, pour 6.589 participants et 1.171 acheteurs
Catégories :Analyses (marché de l'art), Marché de l'art, Paris
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