Au cœur de la Chine : Piasa disperse la collection François Dautresme

Actualisé le 27 septembre 2017 à 16 heures 53

La maison de vente aux enchères parisienne Piasa dispersera en deux parties le 10 octobre quelque 7.500 objets d’artisanat et de tradition populaires chinois réunis par François Dautresme (1925-2002) en 35 ans d’innombrables voyages en Chine (plus de 140 à partir de 1963).

Dans l’état actuel du marché, les estimations extrêmement attractives des pièces de cette collection, dont de nombreuses regroupées avec cohérence sous un même numéro (784, au total), et accompagnées de descriptifs plus que prudents, devraient être décuplées.

Des objets de cet ensemble réputé, structuré autour de la créativité quotidienne du peuple chinois, ont illustré des expositions d’envergure, comme à la Cité Interdite de Pékin.

La vacation constituera un test pour le marché des objets d’art populaire chinois en France, absolument pas organisé quand les pièces de cette catégorie présentant un grand intérêt culturel ne peuvent plus quitter la Chine aujourd’hui.

Les résultats devraient au moins s’aligner sur ceux du marché de l’art populaire occidental, en forte hausse pour la rareté depuis quelques années, en tenant compte d’une part plus sensible de plus-value apportée par la belle réputation de Dautresme pour les pièces les plus simples, comme des objets en bambou des années 1970-1980 (estimations à partir de 100 euros pour un ensemble comptant une vingtaine de pièces).

En dehors d’amateurs habitant la Chine, où beaucoup de marchandises semblables ou apparentées à celles de la collection Dautresme  sont quasi introuvables à la vente de nos jours – en Chine, on voit peu de commerces d’objets décoratifs et culturels d’occasion intermédiaires entre le très bon marché et « le très cher », correspondant à une belle boutique de brocanteur en France, l’intérêt pourrait aussi venir d’institutions muséales occidentales, où les objets d’art populaire chinois sont assez peu présents dans les collections permanentes. Le marché des objets d’art populaire chinois est également assez actif aux États-Unis, où les pièces accessoirisent souvent la haute décoration.

La collection Dautresme comporte de nombreuses raretés – comme un parc à enfant en bois sculpté, et des types de pièces anciennes pour lesquels l’intérêt est bien fixé sur le marché : céramiques de la culture de Yangshao, Han, Tang et Liao, et beaux bijoux habillés de plumes de martin-pêcheur (estimations défiant toute concurrence).

On trouve également une série de bols de la dynastie Song dans leur cassette de cuisson, et des « ratés de cuisson », agglomérats de pièces en porcelaine des XVIIIe-XIXe siècle dont l’intérêt est aussi narratif et esthétique.

Catalogue de l’exposition Chine : trésors du quotidien, sur les traces de François Dautresme, montée en 2004 au Grimaldi Forum de Monaco. L’évènement proposait une découverte des traditions et de l’art de vivre des Chinois au XXe siècle. Des pièces de la collection François Dautresme étaient présentées avec des œuvres d’art plus anciennes appartenant au musée Guimet. La couverture du catalogue est illustrée par la photographie d’un bonnet-tigre en soie brodée, daté de la première moitié du XXe siècle et appartenant à la collection François Dautresme.  

Certains acquisitions de François Dautresme avaient été directement négociées avec des instances culturelles chinoises, comme un impressionnant sampan (bateau à fond plat servant aussi d’habitation) et son mobilier, daté du début du XXe siècle, d’une longueur de 6,4 mètres.

La collection intègre aussi, et entre autres, des textiles, des jouets, des statuettes et des bustes de Mao Zedong, et des objets du soldat chinois.

Pierrick Moritz

Collection François Dautresme, mémoire de la Chine, vente aux enchères chez Piasa, 118, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, le mardi 10 octobre à 10 heures 30 et à 15 heures. Exposition publique : samedi 7 octobre 2017 de 11 heures  à 19 heures ; lundi 9 octobre 2017 de 10 heures à 18 heures.

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Le supplément  (ajouté le 6 octobre 2017)

(article et illustrations totalement indépendants de la vente de la collection Dautresme)

Pendant l’envolée des prix de l’art traditionnel chinois, amorcée il y a une bonne vingtaine d’années, ceux d’objets relevant de l’artisanat et de la culture populaire chinois son restés le plus souvent extrêmement modestes en Occident. Des amateurs éclairés en ont profité pour constituer des collections à des prix défiant toute concurrence, et en prévision d’une forte augmentation des prix dans ces domaines. Ces pièces, toujours de qualité, deviennent effectivement de plus en plus difficiles à dénicher.

Boîte en vannerie du Zhejiang,  Chine, vers 1970, bambou, rotin, bois, matière plastique.  Hauteur : 28,5 cm. Une pièce de ce type se négociait autour des $10/$20 il y a une dizaine d’années. Aujourd’hui, pour un modèle rare, les prix tournent autour de $200 chez les antiquaires américainsPhoto : © Archives ArtWithoutSkin.com

 

PM



Catégories :Analyses (marché de l'art), Art chinois, Chine

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