Asia Week – New York. Le marché des objets d’art chinois se régule

L’importante vente  aux enchères d’objets d’art chinois proposée les 13 et 14 septembre par Christie’s New York, dans le cadre d’une Asia Week, a produit 19,6 millions de dollars pour 581 lots présentés. Si la perte générée par le taux d’invendus de 26 % n’est pas compensée par le total des ventes en valeur, puisque celui-ci correspond à 86 % de l’estimation pour l’ensemble du catalogue, il s’agit d’un excellent résultat pour une vente aux enchères d’objets d’art chinois à New York.

Comme souvent pour les ventes aux enchères dans la spécialité, celle-ci est marquée par des réévaluations spectaculaires. Le plus haut prix, 1,4 million de dollars, va à un récipient rituel à vin, bronze daté des 12ème-10ème siècles avant J.-C., estimé 200.000/300.000 dollars. L’objet, acquis entre la fin du XIXe et le début du XXe siècles, provient d’une collection privée japonaise.

Un vase couvert en jade blanc verdâtre d’époque Qianlong a été facturé 458.500 dollars pour une estimation de  50.000/70.000 dollars et une petite sculpture en jade blanc verdâtre du XVIIIe siècle, agrémentée de rubis et d’éléments en jade vert, est partie à 110.500 dollars sur une estimation de 20.000/30.000 dollars. Ces deux objets sont originaires de la collection Heber Reginald Bishop (1840-1902) et ont été transmis par descendance aux vendeurs.

De la même provenance, le lot phare du catalogue, un pot à pinceau bitong  en jade vert sculpté d’époque Qianlong, a été adjugé sous son estimation de 500.000/800.000 dollars sans les frais, avec une facture de 482.500 dollars avec les frais.

Provenant successivement de deux anciennes collections américaines, un vase balustre de type « fleur de pêche » (il s’agit d’une couleur) et de forme meiping, période Yongzheng, a été échangé contre 350.500 dollars pour une estimation de 60.000/80.000 dollars.

D’une collection japonaise (comte Inoue Kaoru ,1836-1915, puis achat au Tokyo Bijutsu Club en 1925), un récipient rituel archaïque, pour le vin, 12ème/11ème siècles, obtient le second prix le plus important de la vacation : 842.500 dollars pour une estimation de 600.000/800.000 dollars.

Parmi les nombreux lots également vendus au-dessus des estimations mais à des niveaux de prix moins importants, on trouve une coupe zoomorphe en agate, datée des XIXe-XXe siècles, achetée par un Américain sur le marché hongkongais dans les années 1970, échangée ici contre 62.500 dollars pour une estimation de 6.000/8.000 dollars.

L’invendu le plus important est une statue de soldat/gardien en bronze, dynastie des Han de l’Est (25-220 après J.-C.), de 69 cm de hauteur, estimée 200.000/300.000 dollars.

Pour une opération semblable, cette semaine et dans le même contexte, mais avec un catalogue plus ambitieux, la concurrente Sotheby’s a réalisé un chiffre d’affaires de 27 millions de dollars pour un catalogue estimé quelque 21,6 millions et avec un taux d’invendus légèrement plus élevé (autour de 30%, d’après mes calculs). Il s’agit du plus important résultat réalisé par l’opérateur ces 5 dernières années, et le second de son histoire, pour une vente de ce type à New York. Toujours pour l’art chinois, Sotheby’s cumule également les 16,5 millions d’une vacation de peinture traditionnelle dont 7,4/11,8 millions sans les frais étaient attendus. Le montant le plus élevé, 3,21 millions de dollars, va à une encre sur papier en rouleau (3,48 mètres de longueur) du peintre Hongren (1610-1644), paysage et calligraphies estimés 600.000.800.000 dollars.

Le principal enseignement de ces deux grandes ventes très attendues est que, après une période « brouillonne » pleine d’excès spéculatifs, le marché de l’art chinois, qui souffre d’une production extrêmement abondante et de la présence de nombreux faux, est en train de structurer autour d’objets de qualité extrême, de provenance prestigieuse et généralement conservés depuis longtemps dans ces mêmes collections.Il ne s’agit pas de s’intéresser uniquement à des œuvres aux estimations millionnaires, mais aux meilleures dans leur catégorie. Une tabatière chinoise d’une grande qualité d’exécution qui se vendait 5.000 dollars il y a quelques années, peut en valoir 30.000 aujourd’hui.

La réputation spéculative rattachée à l’art chinois ne doit pas faire oublier que l’on se retrouve face à une des contributions artistiques les plus remarquables de l’humanité, intemporelle car empreinte de spiritualité et d’un niveau de qualité souvent inégalé (les porcelaines occidentales n’ont jamais atteint celui des porcelaines chinoises).

L’engouement pour l’art chinois, renforcé par le réveil économique de la chine et l’enrichissement considérable de certains de ses habitants, est donc parfaitement justifié. Pour ces vacations d’objets d’art chinois de Sotheby’s et Christie’s, les acheteurs des lots les plus chers sont très majoritairement des Asiatiques.

Pierrick Moritz



Catégories :Chine, Marché de l'art, New York City

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