10 % des œuvres pèsent pour 59 % dans le milliard de dollars d’art contemporain vendu à New York

Les deux ventes d’art contemporain en soirée proposées par Sotheby’s et Christie’s à New York les 12 et 13 novembre ont généré le montant historique de 1,07 milliard de dollars pour quelque 117 lots vendus. Les chiffres d’affaires de ces vacations constituent des records pour une vente aux enchères chez les deux opérateurs, avec 691,58 millions chez Christie’s et 380,64 millions chez Sotheby’s. Les attentes de ce dernier étaient moins ambitieuses au niveau du chiffre d’affaires, avec notamment moins de lots offerts, que celles d’un concurrent proposant le très exceptionnel Three Studies of Lucian Freud peint par Francis Bacon en 1969, facturé 142,4 millions, un record mondial pour une œuvre d’art vendue aux enchères. Sotheby’s a également produit une facture au-dessus de la barre symbolique (et récente) des 100 millions de dollars (seulement 5 œuvres à ce jour ont été vendues aux enchères au-dessus de ce seuil) à travers les 105,4 millions déboursés pour acquérir un Silver Car Crash (Double Disaster) d’Andy Warhol, le nouveau record  pour une œuvre de l’artiste vendue aux enchères.

Dans le détail de cet impressionnant milliard, on constate que le cumul des prix des 6 œuvres les plus chères vendues chez chacun des opérateurs, soit quelque 10% de la totalité des œuvres vendues, compte à 59,4 %. Chez Christie’s, pour 63 œuvres vendues, ce calcul concerne des œuvres de Francis Bacon (142,4 millions pour Three Studies of Lucian Freud), Jeff Koons (58,4 millions pour Balloon Dog Orange), Andy Warhol (57,28 millions pour Coca-Cola [3] ), Mark Rothko (46 millions pour le sans titre N°11), Jackson Pollock (32,64 millions pour Number 16, 1949) et Willem de Kooning (32 millions pour Untitled VIII), soit 368,88 millions d’un chiffres d’affaires de 691,58 millions, ou quelque 53 %. Avec un chiffre d’affaires de 380,64 millions, pour 54 œuvres vendues, ce pourcentage monte à 59 % chez Sotheby’s, à travers les œuvres de Andy Warhol (105,4 millions Silver Car Crash (Double Disaster), Gerhard Richter (26,48 millions pour A. B. Courbet), Jean-MichelBasquiat (25,92 millions pour Untitled Yellow Tar and Feathers), Willem de Kooning (24,8 millions pour Untitled V), Cy Twombly (21,66 millions pour Poems to the Sea) et Barnett Newman(20,6 millions pour By Twos), cumulant 224,9 millions de dollars.

Ces prix impressionnants témoignent d’une vive concurrence internationale, dans un monde où les super riches sont plus nombreux, non pas pour les artistes les plus en vue, mais pour le meilleur et/ou le plus emblématique de leur production. Si Christie’s a vendu un Balloon Dog (Orange) de Jeff Koons pour 58,4 millions de dollars, les trois autres œuvres de l’artiste présentées dans le catalogue n’ont pas suscité le même engouement. L’huile sur toile Desert et la sculpture Gorilla, assorties d’une estimation de 4/6 millions de dollars pièce, n’ont pas été vendues. Un Teddy Bear (Pink), miroir et verre coloré, réalisé en 1988-1998,  de quatre versions uniques (en bleu, vert, orange et rose), a été adjugé 1 million, au prix plancher d’une estimation de 1/1,5 million, pour une facture de 1,2 million avec les frais.

Les estimations particulièrement élevées sont aussi difficiles à maintenir quand l’œuvre n’est absolument pas indiscutable. Pour des œuvres d’Andy Warhol,  Christie’s a vendu un Coca-Cola [3] pour 57,28 millions de dollars, mais a concédé un rabais de 500.000 dollars au marteau sur une estimation basse sans les frais de 12 millions pour vendre un Mercedes-Benz W 196 R Grand Prix Car (Streamlined Version, 1954), et de 1,5 million pour un One Dollar, adjugé 4,5 millions, pour une estimation de 6/8millions et une facture de 5,2 millions avec les frais. Si, avec  32 millions de dollars engagés sur un Untitled VIII, le même opérateur a marqué un record pour une œuvre de Willem de Kooning vendue aux enchères, Sotheby’s a eu plus de mal à vendre un Untitled V du même artiste, échangé contre 24,8 millions avec les frais (12%), pour une estimation de 25/35 millions sans ces frais.

Mis en concurrence, avec possiblement d’autres acteurs du marché privé, par les vendeurs d’œuvres d’art importantes, les grands opérateurs des ventes aux enchères évitent théoriquement de promettre monts et merveilles dans tous les cas de figures, un engagement contre-productif en cas d’échec lors de la vente, fournissant alors des arguments aux rivaux et susceptibles de détourner de futurs vendeurs. Pour décrocher l’affaire, un contrat garantissant la vente à un certain prix, et faisant éventuellement intervenir des tiers susceptibles d’empocher le bénéfice au-dessus du prix garanti, ou de subir une perte si l’adjudication n’atteint pas ce seuil, peut être proposé au client. Certains lots du catalogue de Christie’s étaient assortis de cette garantie

Pierrick Moritz



Catégories :Art contemporain, Marché de l'art, New York City

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